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Sacro Monte

couverture de l'album Sacro Monte

Éditeur : La Cinquième Couche

Scénario : Mars ll DeDessin : Mars ll De

Prix : 24.00€

  • ZOO
    note Zoo3.0

    Scénario

    3.0

    Dessin

    3.0
  • Lecteurs
    note lecteurs
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Le synopsis de l'album Sacro Monte

Sacro Monte, pour un lecteur distrait, est une ode au mauvais goût. C'est Stendhal en Italie, saisi de vertiges et d'hallucinations par l'excès des visions fantasmagoriques de décors de fêtes foraines et de processions chamarrées. Le Sacro Monte de Varallo, dans le Piémont, devait plonger le bon chrétien dans les extases du pèlerin au Golgotha, voyage en Orient rendu trop périlleux par l'Empire Ottoman qui régnait alors en terre sainte : on reconstitua le mont en des lieux moins hostiles, comme on bâtit encore partout des grottes de Lourdes, pour les jambes fatiguées des fidèles trop âgés. Les 800 statues de bois et terre cuite polychromes, grandeur nature, retracent le drame de la vie, la passion, la mort et la résurrection du Christ, dans un milieu recouvert de fresques et envahi de rondes-bosses. Le choc esthétique n'est pas toujours un coup de foudre. C'est un événement qui peut surgir sans fracas, d'un détail qu'on n'avait jamais vu, qu'on n'aurait même...

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La critique ZOO sur l'album Sacro Monte

L’Italie ne se visite pas en un jour. Une vie, même entière, suffirait à peine pour explorer et étudier le haut lieu de l’antiquité romaine et le berceau de la Renaissance italienne. LL de Mars n’en est pas à son premier voyage en Italie lorsqu’il découvre le Sacro Monte. Un lieu saint qui mettra à l’épreuve ce qu’il croyait avoir cerné des plus grands chefs-d'œuvre italiens.

L’Art. Si le mot est simple, son sens et sa portée demeurent de fascinantes énigmes. La question même de la beauté et du bon goût sonne comme le début d’un insoluble sujet de dissertation. Sacro Monte de LL de Mars relève pourtant le défi.

Sous la forme d’un carnet de voyage illustré de croquis, la bande-dessinée n’en est pas vraiment une. Chaque page est une succession de reproductions de sculptures et de bâtiments observés lors d’un voyage de l’auteur en Italie. En sortant des sentiers battus et rebattus par les touristes, LL de Mars oriente son vagabondage artistique vers le Sacro Monte de Varallo, dans la région du Piémont. Initialement conçu à la fin XVème siècle comme un lieu de pèlerinage chrétien plus accessible que Jérusalem (alors sous influence ottomane), le site est un ensemble de 45 chapelles bâties sur une centaine d’années. Une orgie de représentations sculptées de scènes de la Bible y demeure… peintes.

Extravagantes et éclatantes de couleurs tapageuses au regard, les œuvres se révèlent éprouvantes pour tout observateur ayant été habitué aux habituelles sculptures monochromes en marbre blanc qui font la renommée de l’Italie. Là prend forme le questionnement de l’art vis-à-vis du bon goût, lui-même assujetti au prisme de son époque.

Sacro Monte

Sacro Monte © La cinquième couche, éditions 2022

Le choix graphique pour mettre en image ce vagabondage artistique illustre la mutation du regard artistique adopté par l’auteur. L’album commence par des compositions crayonnées en noir et blanc de différentes sculptures italiennes. La couleur s’intègre timidement et progressivement au fil des pages avant de devenir le sujet central de toute l’attention. Si la forme des dessins y est, la couleur laissera circonspects les lecteurs les plus sceptiques étant donné l’allure gribouillée avec laquelle l’auteur l’insuffle. Si le parti pris est justifié, il n’est pas là pour plaire systématiquement.

Il en va de même avec le texte. La prose explicative du regard porté sur les œuvres laissera le lecteur enchanté ou agacé selon sa réceptivité à lire le ressenti d’un autre regard que le sien sur une œuvre. Le sujet d’étude relevant de la subjectivité même, l’album se heurte à la question du point de vu même du regard : en effet, si le ressenti vis à vis d’une œuvre d’art est propre à chacun, n’est-il pas biaisant pour le lecteur de se laisser guider par le point de vue artistique d’un autre ?

En vue de la conclusion du carnet, le lecteur ne doit en aucun cas se contenter d’une telle analyse (qui n’engage que l’auteur) pour se faire sa propre opinion.

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