Le 6e art, ça vous parle ? La bande dessinée est le 9e, mais le 6e ? Oui, ce sont les arts de la scène, dont la danse. Dans Lumière Noire, ces arts s’entremêlent à chaque page, comme les corps des héros sur scène et à la ville. Voyage au cœur des affres de la création.
À l’heure où cet article part en impression, nous n’avons pas eu accès à l’intégralité de cette œuvre prometteuse. Nous sommes donc en phase avec l’héroïne, Ava, brillante danseuse et chorégraphe de 32 ans qui est victime du syndrome de la page blanche. À Bruxelles, elle retrouve l’inspiration en rencontrant Ian, un danseur beaucoup plus jeune. Pygmalion version féminine ?
MISE EN ABYME ET COMPLEXITÉ NARRATIVE
Claire Fauvel et Thomas Gilbert multiplient les difficultés, car ils ont beaucoup de choses à exprimer, aussi bien visuellement que narrativement. La pièce chorégraphiée créée par Ava est inspirée d’un conte que sa grand-mère lui racontait. Et à son tour, le lecteur plonge dans ce récit intégral pendant une vingtaine de pages.
Puis retour au présent avec la relation qui se noue entre les héros. La danse étant un art très tactile, très vite cela devient charnel et amoureux. Mais les personnages ont chacun des tourments professionnels, personnels, éthiques qu’ils n’osent pas révéler.

Ava arrive à Bruxelles en compagnie de son amie
© Rue de Sèvres, éditions 2021
UN CONTEXTE POLITIQUE ET ENVIRONNEMENTAL FORT
Toute l’histoire se déroule sur fond de couvre-feu à Paris, de manifestations et de violences policières, le tout dans notre temporalité, au son de la crise climatique sans précédent. À la manière de la série Years and Years, angoissante, car elle navigue entre dystopie et sujets d’actualité, Lumière Noire rend les cauchemars de fin du monde, de Ian, très (trop ?) crédibles.
Cet album séduira à n’en pas douter les fervents défenseurs de l’environnement. Lumière Noire propose un univers foisonnant aussi déconcertant qu’intrigant et passionnant. D’autant que les scènes de corps-à-corps, qu’il s’agisse de danse ou de scènes d’amour, sont très réussies. On ne peut qu’espérer que toutes les pistes explorées conduiront les héros à la résolution d’une histoire captivante qui mérite un final en apothéose.
Article publié dans le Mag ZOO N°83 Septembre-Octobre 2021