De la science-fiction aux accents de space opera servie par un graphisme classique et élégant. Un (gros) album ayant le mérite d’aller jusqu’au bout d’un récit plutôt agréable à lire mais aux accents de « déjà vu ».
L’Empire, dominé par les « Sapiens »,s’étend sur de nombreuses planètes et a réduit 123 espèces nonhumaines à l’esclavage. Il y a aussi des esclaves humains, notamment l’ancienne dynastie Khelek et ses alliés, condamnés par l’Empereur Kerkan à vivre dans des grottes souterraines, sur une lune battue par le vent et la neige. Ils font cause commune pour survivre avec les Lektars, peuple non humain guère mieux lotis qu’eux. Daridian, prince Khelek, découvre un chemin pour s’échapper des grottes et réussit à quitter la planète, avant de revenir quatre ans plus tard pour libérer les siens. Sa jeune sœur Xinthia joue un rôle encore plus central dans le destin de cette communauté soumise à des luttes de clans et au destin de prime abord misérable.

Le peuple Khelek vit dans les entrailles de Tazma
© Les Humanoïdes associés
Cette histoire très classique de Sam Timel reprend des idées déjà vues dans différentes œuvres de SF, mais le fait avec une certaine efficacité, ne lésinant pas sur les rebondissements, en tuant par exemple certains personnages clés. Il nous fait suivre en parallèle le point de vue du nouvel empereur, hésitant entre l’influence de ses deux fils, un méchant et un gentil. C’est d’ailleurs la limite du scénario : son manichéisme. Les méchants sont très (trop) méchants et les gentils trop monolithiques pour avoir une vraie épaisseur. Seul l’Empereur a une certaine ambiguïté en lui. Cela fait peut-être partie des codes du genre, mais la force du récit s’en trouve amoindrie.

L'espoir subsiste dans le coeur de la jeune Xinthia
© Les Humanoïdes associés
Et ce, malgré le dessin de Jorge Miguel, beau, esthétique même. Ses personnages sont bien campés et ont un physique généralement avantageux (du moins pour les humains !). Et ses décors ne manquent pas d’ampleur, dans les séquences se passant sur la lune comme dans celles sur la planète impériale ou sur Remora, une planète « sauvage ». Cette qualité graphique permet de lire l’album comme l’aimable divertissement qu’il est, pas inoubliable mais assez agréable à découvrir.