Les plus anciens se souviennent sûrement de la BD Little Tulip, née dans l'imaginaire du grand écrivain américain et dessinée par François Boucq. Dans New York Cannibals, on suit Azami, bodybuildeuse nippone aussi impressionnante qu'attachante. Lorsqu'elle trouve un bébé abandonné dans une poubelle, son père adoptif, le tatoueur Pavel, l'aide à le recueillir...
Azami, montagne de muscle originaire du pays du Soleil levant, est flic à New York. Lorsqu'elle fut abandonnée, bébé, Pavel, un tatoueur, l'a recueillie et élevée. Quoi de plus normal pour elle que de garder à son tour le bébé qu'elle trouve dans une poubelle. Mais cette dame aux gros bras va devoir se battre contre ce que New York compte de pire: des cannibales du corps et de l'âme humaine. De son côté, Pavel est rattrapé par son passé: l'ombre du goulag plane sur cette bande dessinée extraordinaire.

Azami, la protagoniste de l'histoire, est policière mais aussi culturiste
© Le Lombard 2020 Charyn/Boucq
Des années après leurs premières collaborations, dont Bouche du diable, La femme du magicien et Little Tulip, l'écrivain Jérome Charyn, fin connaisseur de sa ville, la grande pomme, livre ici un scénario qui flirte avec la virtuosité. Originalité et singularité, humanité et sentiments, histoire et ombres noires: tout est réuni par le romancier pour nous plonger dans un univers aussi glauque que tristement crédible.
Le Nordiste François Boucq n'a pas son pareil pour se fondre dans un scénario, lui confectionner les costumes et lui bâtir le décor adapté à l'histoire qu'il illustre. Azami est un monument graphique, les bas fonds de New-York et la pègre y sont représentés dans un réalisme aussi criant que les affamés qui peuplent rues et avenues.
Les autres personnages ne sont pas en reste et le tatouage joue dans cette BD un rôle à part entière. Charyn et Boucq subliment les tréfonds d'une âme humaine esseulée. New York Cannibals est un monument.