L’autrice Cy nous entraîne avec force dans le terrible destin des Radium Girls, un groupe de jeunes filles sacrifiées pour le progrès puis oubliées.
New Jersey, 1918, Edna est embauchée comme ouvrière chez United State Radium Corporation, une usine qui produit des montres aux aiguilles luminescentes. Elle apprendra à peindre les cadrans avec la peinture Undark suivant la technique du « Lip, Dip, Paint », humidification du pinceau, encore couvert de peinture, par la salive. Les filles de l’usine nouent une vraie complicité et se surnomment les « Ghost Girls », car par jeu, elles se peignent les ongles, dents ou mains avec cette fameuse peinture, pour briller dans le noir et amuser leurs proches. Mais elles ne vont pas tarder à découvrir que le radium, substance principale de la peinture qui les amuse tant, les conduira à leur perte et à une mort assurée. Certaines vont se révolter, d’autres se résigner.

Cy dresse un magnifique portrait de femmes touchantes, fortes, soudées, féministes et toujours pleines d’humour. Radium Girls revient surtout sur une de ces petites histoires dans l’Histoire, une aventure qui a eu un véritable impact et qui fut aussi vite oubliée. L’autrice propose également à travers ce récit une profonde réflexion sur la vie ouvrière et la condition des femmes dans les Etats-Unis des années 20.
Cy croque avec vitalité et douceur le destin de ces jeunes filles grâce à un subtil crayonné en camaïeu de violet et de vert radium créant une atmosphère à la fois froide et chaleureuse. La mise en page rythmée et le découpage dynamique offrent un vrai moment de lecture plaisir. La couverture phosphorescente de l’album, quant à elle, nous plonge instantanément dans l’ambiance du récit.
Voici un très beau roman graphique sur une page d’histoire tombée dans l’oubli. Mais Radium Girls est avant tout une magnifique histoire de sororité, d’amitié et de luttes féministes.