Léonard de Vinci est bien sûr apparu de-ci de-là dans la bande dessinée... Dans le cadre des célébrations des 500 ans de sa mort, une exposition de Boucq se tient à Paris, avec un catalogue... décalé.
Presque tous les pays ont à un moment ou à un autre proposé une biographie de Léonard de Vinci en BD, souvent sous le format que nous connaissons des fascicules Larousse à la fin des années 70. Bien avant, aux USA en mars 1947, dans True Comics #58, le récit « 500 years too soon ! » relatait le génie visionnaire de Léonard. La liste de ces récits plutôt courts et pas forcément talentueux serait longue avant d’arriver à de véritables BD biographiques du génie toscan... qui ont malheureusement été traitées dans des styles réalistes assez faibles : il semblerait que la bande dessinée soit plus inspirée quand elle s’approprie de Vinci pour en faire un personnage romanesque...

Extrait du Petit Léonard décodé de François Boucq
On citera le fameux parodique de Bob de Groot et Turk, ou le de Convard et Chaillet où Léonard devient héros de polar. Outre-Atlantique, on retiendra le sulfureux Chiaroscuro de McGreal, Rawson et Truog, ou bien la mini-série S.H.I.E.L.D. de Jonathan Hickman où Leonardo fait partie des génies humains préfigurant la célèbre agence de chez Marvel. Mais la plus savoureuse et géniale apparition de Léonard en BD se trouve dans Time is money de Fred et Alexis où un voyage dans le temps cherchant à extorquer La Joconde pour faire fortune tourne court à cause de la date d’arrivée trop précoce, Léonard étant encore un jeune homme qui dessine... comme une patate.
Da Vinci décode
Avec Le Petit Léonard décodé, François Boucq redonne un peu de belle moelle bédéaste à notre cher Léonard en l’abordant avant tout artistiquement – mais aussi avec son fameux humour à froid. On a toujours senti chez Boucq cette rigueur, cet amour et cette connaissance de la science du dessin. Ici, il rend hommage au génie de Léonard et à tout ce que celui-ci lui a apporté (notamment pour sa série Face de Lune) via deux récits iconoclastes et une série d’incongruités faisant de ce catalogue un mélange entre « magazine féminin et revue illuminati » selon les propres mots de l’éditeur…
Tout un programme, avec Jérôme Moucherot, Astérix et de la boxe... Plus sérieusement, Boucq y parle aussi des diagrammes inhérents aux compositions de Léonard (et des cathédrales qui s’y cachent), réaffirmant ainsi combien la science du dessin de ce génie a essaimé l’histoire de l’art à l’instar du nombre d’or.
Article publié dans le magazine Zoo n°71 Mai - Juin 2019, disponible le 10 mai !