En 1981, la France abolit la peine de mort et devient le trente-sixième pays à entrer dans le groupe des abolitionnistes. Cette avancée légale doit beaucoup au combat acharné d’un homme : Robert Badinter. Organisé autour de deux procès majeurs, ce documentaire en BD narre comment la guillotine a été proscrite en France.
Le 27 novembre 1972, Robert Badinter reçoit l’appel téléphonique lui annonçant l’exécution de la peine capitale de Roger Bontems alors qu’il est seul dans son bureau. Il sera exécuté à l’aube et Robert Badinter, avocat, devra accompagner à la mort cet homme qui n’a tué personne, certes pas recommandable mais influençable...

Le récit se lit d’une traite, offrant un regard sur ce qui a conduit Robert Badinter à se battre corps et âme contre la peine de mort. L’affaire Bontems qui mène à la mort un malfrat certes complice mais pas meurtrier, est mise en lumière comme la pierre angulaire du combat de l’avocat. Elle est mise en regard avec l’affaire Patrick Henry, tueur d’enfant tristement célèbre, à qui Badinter évitera la décapitation lors d’un procès difficile qu’il transformera en en réquisitoire contre la peine capitale. Cet album très dense se conclue sur un récit plus court autour des votes parlementaires. Bien que passionnant et rappelant des affaires terribles, cet album très factuel fait preuve de beaucoup de retenue, ce qui peut mettre à distance le lecteur, quel que soit son avis sur ce sujet clivant.

Paré de seulement trois couleurs, le dessin sobre laisse ainsi toute la place au propos. S’il s’aventure sur quelques gros plans dévoilant ce qui se passe dans le for intérieur des protagonistes, Malo Kerfriden n’arrive pas non plus à créer une empathie malgré l’efficacité de son trait.
Très instructif et riche en informations, L’abolition convaincra les passionnés d’histoire contemporaine mais ne persuadera pas les autres lecteurs de dévorer.