Bien avant le financement de sa campagne présidentielle, les liens qui unissaient Nicolas Sarkozy et le général Mouammar Kadhafi ont toujours été obscurs. Ce rapport entre les deux chefs d’État est au cœur de cette enquête. Elle en donne les tenants et aboutissants avec panache, dans un dessin clair comme de l’eau de roche.
Sarkozy, Guéant, Kadhafi, Hortefeux, Coppé et tant d’autres. Au-delà de la politique, tous ces noms ont un point commun : la délinquance, parfois même la criminalité en col blanc. Elle s’est cristallisée dans ces fameuses valises. Échangées entre Tripoli et l’Élysée, elles ont clairement financé la campagne présidentielle de Sarko. Mais pas que.
C’est un sacré boulot journalistique que nous livrent les cinq auteurs. Leurs techniques d’enquête et les moyens qu’ils ont déployés pour pousser au plus loin leurs investigations se traduisent autant dans le récit d’une fluidité épatante, qu’on dévore comme une bonne fiction, que dans les annexes édifiantes présentes en fin de livre. Il faut dire qu’avec Nico, Claude et leurs copains, la réalité dépasse souvent la fiction.
Le trait de Thierry Chavant est idoine pour exposer les méfaits de ces gangsters qui nous ont gouvernés, pour qui une seule chose n’a vraiment de valeur : l’argent. Cash, bien sûr. Le dessin libre et figuratif donne encore plus à voir ce que le texte s’attache à décrire : l’impunité totale, l’absence de honte et le sentiment de toute-puissance. L’absence d’amis et de solidarité est aussi le maître mot des relations de tous ces nantis : quand tout va bien, il y a du monde. Mais quand ça tourne au vinaigre face à un juge d’instruction, il n’y a plus personne.
Ce nouveau titre et la coédition Delcourt-La Revue dessinée montre une nouvelle fois combien le neuvième art est puissant lorsqu’il s’attache à creuser et décrire la réalité. Ce livre est une bombe.
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