Fabienne et Roland arrivent en bord de mer pour démarrer leurs vacances. Mais un tragique accident survient, compromettant définitivement leurs plans. Fabienne se retrouve seule. Le choc, peut-être le déni, la décide à poursuivre le planning élaboré par son mari à l’avance. Une BD touchante où l’imprévisible chasse le concevable.
Alors qu’elle s’apprêtait à sortir leurs bagages pour une semaine bien remplie en bord de mer, un tragique accident prive Fabienne de sa moitié. Elle se retrouve seule et, curieusement, semble décidée à poursuivre le planning que son fiancé avait anticipé.
Fabienne semble en proie à une apathie latente. Difficile de se prendre en main après un tel événement, où le hasard se révèle parfois cruel. Un vide assourdissant envahit l’existence de cette femme luttant pourtant, malgré les circonstances, pour maintenir un semblant de socialisation... Après avoir habitué son lectorat à un humour léger aux jeux de mots poilants, Lewis Trondheim livre dans cet album un scénario insolite et inattendu, à l’image d’autres titres tels que le déconcertant Omni-visibilis. Une belle considération de la complexité de l’être humain.
Mises en image par Hubert Chevillard, les figures sensibles sont construites par un trait épais et répété. Les nombreux mouvements de l’illustrateur se devinent à l’observation des cases aux proportions régulières qui abritent un essaim de lignes expressives, pour des scènes animées et éloquentes. La palette chromatique sied parfaitement aux nuances chaudes de vacances estivales sur le littoral : un contraste surprenant avec la mélancolie du récit.
Je vais rester est une curiosité en BD, avec ses péripéties étranges et déstabilisantes pour le lecteur qui entend se divertir. La réflexion engendrée par les événements est profonde et ne saurait connaître de parfaite révélation. Une subtile mise en lumière de l’inertie qui succède à la violence du destin... Saisissant !
0

0