Au Grand Cafe Tortoni se croisent artistes, légendes et quidams d’Argentine. Inspirés d’un célèbre café de Buenos Aires, les 112 pages de récits entremêlés imaginées par Charlot et illustrées avec fougue par Winoc brossent un tableau rêvé des Arts et mythes du pays de Borges.
Si la couverture de cet album est illustrée par un couple de tangueros, cette BD va au-delà de cette danse de couple qui a fait la renommée des milongas, bars où elle se pratique. A l’image d’une grande frange de la littérature sud-américaine, Gran Cafe Tortoni tricote les digressions racontées par différents personnages : d’un acteur seul en scène devenu un monument du théâtre à un brillant danseur arraché à son avenir par la jalousie en passant par le chant d’un jeune premier...

Mêler tant de voix et d’histoires en une seule BD aurait pu donner l’impression d’un catalogue touristique argentin, pourtant les transitions entre les récits, narrés de table en table à un jeune français, se font élégamment. Charlot laisse la première place aux artistes, couchant sur papier une Argentine en train de disparaître : celle des arts vivants omniprésents, des cafés aux parcs publics. Son scénario ressemble au tango par sa fougue, son rythme et sa mélancolie et donne envie de croire réels ces tableaux charmeurs.

Dans des dominantes de couleurs chaudes, Winoc arrive à extraire les lieux de carte postale visités par le scénario de leur statut de musée de souvenirs. Si les scènes au café Tortoni sont parfois un peu trop esquissées, son travail sur chaque digression est remarquable. Emporté par la détermination d’un musicien itinérant tout en mouvement, la mélancolie d’une chanson illustrée aux pastels gras ou la sensualité d’un tango brillant de blanc, le lecteur est souvent ébloui.
Gran Cafe Tortoni s’avère le guide idéal pour parcourir une Argentine mythique...
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