À l'origine de cette bande dessinée, la photo mystérieuse d'une fleur dans l'atelier de Mondrian, prise par André Kertész. Jean-Philippe Peyraud et Antonio Lapone se sont interrogés sur l'origine de cette fleur qui tranche si fortement avec la géométrie parfaite de l'œuvre du peintre et ont décidé d'imaginer son histoire. Le résultat est de toute beauté.
Homme discret, peintre méticuleux et amoureux de danse, Mondrian reste une figure difficile à cerner. Cet album le tente, à travers l'histoire romancée d'une fleur prise en photo dans son atelier. Peyraud et Lapone croquent l'artiste, à travers les yeux de sa partenaire de danse occasionnelle, Francine. Ce scénario presque métalittéraire, s'il est un peu court, fleure bon le Montparnasse des années folles et l'art abstrait.

L'âme de cet album se trouve dans son trait incroyable qui rend un bel hommage au peintre hollandais, comme au Paris des années 1930. Le travail des couleurs participe grandement du plaisir de lecture et s'accordent aux préférences de Mondrian, évoquant aussi son horreur du vert. Fascinent tout particulièrement ces planches qui épousent le regard du peintre et nous livrent les débuts de son inspiration picturale. Suite à l'histoire, un long carnet de croquis et de story-board relate la construction de l'album. Occupant presque le même volume que le récit, il témoigne d'un travail de préparation et de recherche impressionnant.
Même si le très grand format rend difficile le rangement dans une bibliothèque, il reste un beau choix éditorial qui offre au dessin un écrin à sa mesure, permettant de profiter au maximum de l'ensemble. La Fleur dans l'atelier de Mondrian, bel objet de bande dessinée appartient au cercle fermé des jolis cadeaux à offrir aux passionnés d'art !