Les Chevaliers d’Héliopolis ont élu domicile dans un monastère du nord de l’Espagne. Pour être accepté dans le cercle des alchimistes immortels présidé par maître Fulcanelli, celui que l’on nomme Dix-sept doit triompher des épreuves du rite initiatique. Alejandro Jodorowsky nous entraîne dans un de ses délires mystiques auquel Jérémy prête toute sa virtuosité graphique. Cartésiens s’abstenir !
À l’issue du combat contre un gorille doué de la parole Dix-sept peut intégrer l’ordre des Chevaliers et Fulcanelli révèle alors à l’assemblée la véritable identité du récipiendaire. En fait, il serait le fils de Louis XVI et de Marie-Antoinette, que tous les livres d’Histoire ont fait mourir à l’âge de dix ans. S’en suit un long flashback pour raconter comment le jeune Dauphin a pu échapper à son destin officiel.
L’histoire imaginée par Jodorowsky va bien entendu au-delà de toutes les spéculations qui ont pu être faites sur le sort du jeune Louis XVII. Non seulement il donne à Louis XVI une image peu conforme à celle qu’ont pu donner de lui ses contemporains, peintres et historiens, mais il lui prête aussi une liaison avec Charlotte de Corday, celle qui a assassiné Marat dans sa baignoire : il s’apprête bien à réécrire l’Histoire à sa façon...

Mais le quasi nonagénaire n’a pas son pareil pour séduire les plus grands talents graphiques pour les entraîner dans ses visions surréelles. Après Moebius, Bess, Boucq ou Manara, Jérémy vient compléter son « tableau de chasse » sans avoir à rougir de ses prédécesseurs. Il a prouvé avec Barracuda ce dont il est capable, et cette nouvelle collaboration s’annonce à nouveau exceptionnelle. Qu’il exploite un décor avec une rare générosité dans le détail, ou qu’il caractérise un personnage, tantôt en le caricaturant légèrement, tantôt de la façon la plus réaliste, son dessin est immédiatement identifiable.
Prévue pour former une tétralogie, cette série des Chevaliers d’Héliopolis devrait nous réserver encore bien des étonnements.