Bobby a souffert durant son enfance : un père alcoolique et violent, une mère effacée, une sœur vulgaire sur le chemin de l’alcool elle aussi, des humiliations au collège, etc. Une occasion en or se présente à lui, permettant ainsi de fuir : il côtoie alors un milieu plus favorisé pour une BD saisissante !
Bobby a grandi dans une campagne peu civilisée, dans une famille modeste. Élevé par des parents bénéficiaires du RMI, il a développé une piètre opinion des habitants du villages, qu’il juge incultes, racistes et homophobes. Quand l’opportunité de monter en ville se présente par l’intervention d’un oncle, ami d’un libraire employeur, le jeune homme n’hésite pas une seconde ! Travailleur et motivé, il gagne rapidement l’estime de Jean Detalminil, le professionnel qui l’accueille bien au-delà des murs du commerce...

Bobby tente d’étancher sa soif de vivre en fuyant ses origines pour lesquelles il entretient une profonde amertume, quand cette dernière ne devient pas du vil mépris. En ville, il côtoie rapidement une petite bourgeoisie citadine, délicieusement cultivée. Et la fille du libraire est vraisemblablement sensible au charme du jeune bougre. Mais difficile de rompre avec un passé destructeur... La quête d’une situation sociale s’avère aussi déroutante que les tentations vicieuses offertes par les bas-quartiers. Jeunesse se passe...
Hugues Barthe livre une performance graphique déroutante. Son récit sonne authentique. Le trait naïf et stylisé, parfois quasi-schématique, aboutit à une dimension d’humilité saisissante et touchante. Le personnage désabusé paraît piégé par des phénomènes sociologiques qui le dépassent mais aussi par sa propre vanité démesurée : il s’étiole. L’ambiance colorée terne, sans aucune fantaisie, fait vivre au lecteur une expérience de lecture unique, une émotion partagée avec le héros.
Bobby change de linge est une BD poignante, un triste témoignage sur la quête d’une condition meilleure. Le jugement des autres peut être destructeur, mais pas autant que l’orgueil d’un écrivain...