Un thème intéressant, mais un scénario et un dessin trop faiblards pour convaincre. La Manufacture des belles enveloppes plonge dans la vie d’un fabricant américain d’enveloppes en pleine faillite dans les années 1950 avec l’élan nécessaire pour en faire une grande BD. Malheureusement, la bonne idée de départ manque de profondeur narrative et graphique.
Jack Cluthers pilote une petite entreprise artisanale qui fabrique des enveloppes dans l’Amérique des années 1950. Mais déjà, les géants industriels vont avoir raison de son activité et mener la vie dure à l’artisan. Il en voit de toutes les couleurs. Qu’à cela ne tienne, ce bon petit chef d’entreprise s’accroche bec et ongles à sa manufacture dans l’espoir de parvenir à la sauver. Mais les enveloppes qu’il conçoit ont beau être belles et soignées, cela ne suffit malheureusement pas et l’entraîne dans une fuite en avant. Jusqu’à mettre sa vie privée en danger.

L’idée de départ de cette histoire affiche beaucoup d’originalité. L’angle est insolite, le contexte bien planté. Jusqu’ici, tout va bien. Mais tous ces ingrédients ne font pas pour autant systématiquement une bonne bande dessinée. Si on assiste à la détresse du personnage principal et l’écroulement du monde qu’il a construit, on peine en revanche à vraiment plonger au cœur d’un récit qui manque de profondeur. La chute est prévisible. Elle ajoute un peu plus de déception à un scénario qui pêche déjà trop.
On est plus proche d’un trait minimaliste que des espérances graphiques qu’on pouvait placer dans ce titre à première vue prometteur : un univers bien ancré dans 50’s avec son lot de nostalgie, des personnages expressifs, le décor vintage d’une fabrique d’un autre temps... Il manque tout ça.
Ce déficit de supplément d’âme picturale et graphique est vraiment dommage quand on observe le potentiel de l’idée d’origine. Ce petit album pensé au Canada aurait mérité mieux.