En donnant voix au vieux copain imaginaire de Kurt Cobain, Nicolas Otero raconte de l'intérieur les dernières années d'une existence chahutée par le succès, l'amour et les drogues, et offre une plongée fiévreuse et rock'n'roll dans l'esprit tourmenté du leader charismatique de Nirvana. Il s'en faut de peu pour ne pas sombrer dans le cliché, mais les enfants des 90's apprécieront l'hommage.
Les fans du groupe connaissent déjà Boddah, l'ami imaginaire de Kurt, qu'il trimballe avec lui depuis l'enfance. Nicolas Otero lui donne vie en l'incarnant sous les traits d'un beau gosse à la gueule cassée, toujours flanqué d'un tee-shirt des Ramones. C'est ce Boddah là, témoin privilégié de toutes les douleurs de Kurt Cobain, qui raconte.
La rencontre avec Courtney qui donnera naissance à la petite Frances Bean, l'arrivée du succès avec l'album Nevermind, les ravages de l'héroïne pour oublier quelques heures les maux d'un estomac déglingué et désespoir latent, profond, viscéral. Et si l'on connaît la triste fin de l'histoire, on découvre là des épisodes et anecdotes de l'existence de Kurt, englué dans un tourbillon médiatique qui accélère une chute programmée.
Tiré du roman éponyme, cet album graphique nous replonge à l'ère du grunge, mouvement porté par l'idole de toute une génération qui se sent incomprise. Le trait nerveux, explosif, réussit à retranscrire la violence et l'urgence de la musique de Nirvana, celles là même qui émaillent la voix de Kurt Cobain.
Entre vrais-faux dialogues et anecdotes romancées, il ne s'agit évidemment pas d'une biographie pure, mais ce fameux Boddah nous permet d'effleurer quelques unes des multiples facettes d'une personnalité aussi magnétique que torturée. Dommage que le ton de l'ensemble reste un peu trop « adolescent », et que les personnages ne soient pas tous graphiquement aussi réussis qu'une Courtney plus ressemblante que nature.
Il transpire tout de même de ce récit une vraie tendresse pour son sujet, qui donne salement envie de réécouter les albums de Nirvana...