Elle s’appelait Tomoji et est née en 1925 dans le Japon rural. Son histoire mise en cases par Jirô Taniguchi retrace un chemin de vie simple et laborieux mais éblouissant par les paysages et le courage qui le jalonnent.
Tomoji n’a pas commencé sa vie sous la meilleure étoile. Quelques années après la naissance de sa petite sœur, son père meurt et peu de temps après sa mère les abandonne, son frère aîné, sa petite sœur et elle, à sa grand-mère paternelle. Viennent alors de nombreuses années de labeur et de pauvreté pour cette petite famille dont la ténacité n’a d’égal que la bienveillance.
Elle s’appelait Tomoji raconte la première partie de la vie de Tomoji Uchida, qui érigea un temple bouddhiste avec son mari. Une fois n’est pas coutume, le personnage principal du récit de Jirô Taniguchi est une femme. Avec la narration contemplative qui le caractérise, ce mangaka pose la vie frugale de son héroïne tout en y distillant un soupçon de romanesque.
Il ouvre en effet son récit de l’enfance de Tomoji par une rencontre manquée entre elle et son futur mari. Pour éviter que son manga ne ressemble à un récit de vie sainte, Taniguchi efface quasiment toute mention à la construction du temple qui rendra Tomoji et son mari célèbres.
Ce choix permet au lecteur d’apprécier pleinement le tableau d’une campagne japonaise empreinte de traditions, aujourd’hui disparue. La ligne fine qui définit les paysages, les silhouettes et les regards compose habillement chaque case. L’humain est souvent petit face à la nature, encore plus éclatante lorsqu’elle bénéficie de pages en couleur.
Accompagné d’une interview bien menée en fin d’album, l’histoire de Tomoji est une belle leçon de vie mais aussi un superbe récit, à lire que l’on soit fan de Jirô Taniguchi ou néophyte.
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