Rose, jeune écorchée à la double personnalité
Nouvelle série scénarisée à quatre mains par Denis Lapière et Emilie Alibert, Rose est mise en image et en couleurs par la dessinatric
29 août 2017
-Interview
Marianne Duvivier, Denis Lapière
Éditeur : Dupuis
Scénario : Denis LapièreDessin : Marianne DuvivierColoriste : Marianne Duvivier
Collection : Grand Public
Public : À partir de 16 ans
Prix : 19.00€
Scénario
Dessin
Le père de Marianne Duvivier était au coeur des luttes des indépendances africaines. Engagé en particulier aux côtés de Patrice Lumumba au Congo, puis des syndicats algériens, c'est aussi un homme qui n'a pas su trouver sa place au sein de sa propre famille. Marianne, la cadette, est devenue le pilier, celle qui soigne les blessures de l'âme, avant de trouver sa liberté dans l'amour et la création.
Après avoir fait vibrer les lecteurs pendant une décennie en dévoilant ses secrets de famille, la série s'achève sur un album autobiographique de la dessinatrice. Son trait épais et son graphisme coloré avancent en douceur pour traiter un thème délicat : comment dépasser les drames de sa famille pour construire sa vie dans le bonheur.
C'est une excellente idée. Après dix années de fiction au cœur des secrets de famille, le scénariste Denis Lapière prête sa plume à la dessinatrice Marianne Duvivier pour qu'elle brosse les grandes étapes de sa propre histoire. Le récit retrace la construction de la jeune femme, entre une mère soumise et un père emporté dans le tourbillon des indépendances africaines des années 1950-60.
Le lecteur est invité à voyager au cœur de la vie publique et sentimentale tourmentée du père et révèle son impact sur la famille, la mère et les enfants dont la dessinatrice qui brosse le portrait des siens avec sincérité et simplicité. La maladie d'une des sœurs, la complexité des rapports parentaux et la souffrance de la mère se mesurent à la grande histoire, celle de nouveaux pays africains naissants dans laquelle le père est impliqué.
Trait épais, personnages généreux. Les couleurs suivent l'évolution de la famille, sa vie malmenée par le destin de chacun et la force que trouve la dessinatrice pour s'accrocher, dépasser ce qui la fait souffrir et se construire. Le choix d'un bon roman graphique, bien ficelé et criant de réalité, tombe à pic pour donner fin à une série fictive.
C'est profond, sérieux, bien construit. La narration de Lapière met sur les rails le récit de vie d'une dessinatrice qui, plutôt que se laisser emprisonner par son histoire familiale, choisit de vivre librement son existence en dépassant les déchirements de son enfance. Une tranche de vie pleine d'émotions.