Au coeur des ténèbres est l’adaptation très réussie du roman de Joseph Conrad. Cette BD vous embarque dans un voyage au milieu des colonies dont il est extrêmement difficile de revenir intact.
Marlow, vieux marin, raconte un jour son histoire, celle d’un homme attiré par le blanc des cartes de géographies. Nous plongeons au cœur de ses souvenirs du temps où il s’engageait vers l’Afrique pour y diriger un obscur comptoir. Son désir de découvrir va se heurter violemment à la réalité de la colonisation et à son horreur.
Au coeur des ténèbres est l’exemple même d’une adaptation tellement réussie qu’elle en devient un oeuvre d’art à part entière. Marchant dans les pas d’Apocalypse Now, Miquel et Godart retranscrivent avec brio l’ambiance étouffante du récit de Joseph Conrad.
Le génie de cette BD tient dans la position du personnage principal, relégué au rang d’observateur. Ce sont les ténèbres qui occupent vraiment la première place. Angoissante, étouffante, présente à tout moment mais jamais mentionnée, la jungle domine ce récit. Elle fait d’Au coeur des ténèbres une bande dessinée qui nous hante longtemps après l’avoir refermée.
Le dessin, réparti dans des cases confinées, n’a que très peu d’espace. Avec son cadre rigide, il contribue à cette sensation d’enfermement qui est la clé de cette BD. Deux teintes seulement habillent l’image, celle du récit au présent, adoucie par un bleu maritime apaisant, et celle du récit de voyage, nimbée d’un jaune tour à tour poussiéreux ou enfiévré. Le jeu entre ces deux ambiances achève de nous entrainer, effrayés, au coeur de l’Afrique noire.
Au coeur des ténèbres est une adaptation totalement maitrisée qui ne se laissera pas oublier de sitôt.
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