Pascal Rabalé s’est vraiment fait connaître avec Ibicus, personnage d’exception adapté de la littérature russe. Il n’a cessé, depuis, de revenir à des histoires de gens normaux. Rabaté aime le genre humain. Dans Fenêtres sur rue, Rabaté persiste, sans paroles, un The Artist façon BD. Au lecteur de savoir regarder, découvrir des petits trésors dans ces drames ou joies du quotidien.
Un album de Rabaté, c'est toujours un coup au cœur qui devient un coup de cœur. Comme ses Petits ruisseaux ou son Petit rien tout neuf. Et Rabaté innove encore. Il a sorti de son grand sac à bonheur un album livre comme ceux que l’on avait enfant, un dépliant scénique, un accordéon qui joue des histoires sans paroles, des scènes de vie en une planche. Elles s’enchaînent le jour puis la nuit, on regarde dans la rue, on découvre par les fenêtres.
Un brin voyeur, l’espion-lecteur surveille les héros chez eux, indiscret. Ils s'aiment, se détestent, se méprisent, s'ignorent, vivent et même se tuent. Un petit théâtre de la largeur de trois ou quatre façades, un bistrot que l'on ravale, un échafaudage, un peintre qui aime le nu et des couples qui s'aiment nus.

Fenêtres sur rue
Avec ses tableaux aux couleurs pastel, au trait rehaussé, Rabaté a fait de son Fenêtres sur Rue un hommage à Fenêtre sur cour. Un certain Sir Alfred, dans son costume noir, déambule sur le trottoir accompagné d'un décontracté Monsieur Hulot. C’est Jour de fête dans la rue avec Jacques Tati, compagnon de route de Hitchcock pour l'occasion. Regardez bien les petites lucarnes. On y joue des films qui vous diront quelque chose.
En dix tableaux, Rabaté signe un moment de bonheur pur. Le train de notre vie passe sous nos yeux, avec ses couleurs, ses joies, ses peines et ses bonheurs. Il y mélange BD, cinéma, théâtre à sa façon. Le résultat est exceptionnel pour cet auteur, réalisateur qui a repris ses pinceaux avec toujours autant de talent.
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