14-18 - T3 : Le Champ d'honneur (janvier 1915)

Ils s’appellent Armand, Maurice, Arsène, Pierre ou encore Denis. Huit amis ont été appelés à la guerre. La terrible, la sanguinaire, celle des tranchées. Ils commencent à le comprendre dans ce troisième tome diablement réussi. Tant dans son récit solide et profond que dans son graphisme plaisant.

Ils sont huit. Huit amis qui vivaient tranquilles dans leur province lorsque la Grande Guerre les a arrachés à leurs femmes et leurs enfants. Janvier 1915, au champ d’honneur. Entre les histoires intimes qui éclatent au grand jour et le caporal Armand qui doit envoyer ses hommes au casse-pipe, la Der des ders n’en finit plus de martyriser sa chair à canon.

Ce troisième volume est le meilleur et le plus fluide des trois premiers sur les dix prévus. Il a fallu à Corbeyran le temps d’installer ses personnages et les petites histoires comment à s’écrire entre les lignes de la grande. Le récit se dévore comme une ration militaire après des jours de diète : goulûment.

Etienne Le Roux tient bien les expressions de ses personnages, son trait est de plus en plus affûté au fil de cette grande aventure. Le travail de Loïc Chevallier sur les décors est très soigné et c’est tant mieux car ils revêtent une importance capitale dans une telle épopée. Même combat pour la mise en couleur très réfléchie de Jérôme Brizard : de la noirceur dans les tranchées, de la lumière dans la vraie vie. Splendide.

Les dix tomes pouvaient effrayer de prime abord. D’autant plus avec la masse de titres parus l’an passé. Que nenni. On tient là un des meilleurs travaux sur la période. Avec une triple force : la véracité de l’histoire, ce qu’il faut de fiction pour s’évader et un graphisme aussi profond qu’une de ces satanées tranchées. En joue.