« Il n’y a pas d’improvisation dans mon boulot »
Comment travailles-tu ?
J'écris un movie-script, un scénario de cinéma très détaillé. Chaque scène, chaque plan est écrit car le dessin me prend ensuite beaucoup de temps. Avant de me mettre à dessiner, je veux être sûr que ça vaille coup. Je fonctionne ensuite par liste : j'ai vraiment une manière de travailler avec des routines.

Il n'y a pas d'improvisation dans mon boulot, c'est bordé et cadré pour que je puisse développer le récit. L'encrage, c'est l'étape la plus importante. Tout ce qu'il y a avant, personne ne le verra. Il faut vraiment que je puisse compter sur mon script et mon dessin. Mais il y a un équilibre à trouver. Mon mentor, Peter Snejbjerg m'a toujours répété : « Si tu encre toi-même, il ne faut pas que ton dessin d'origine soit trop précis, sinon la phase d'encrage devient une imitation du dessin et ça le tue ».
En Suède, les femmes sont majoritaires dans la BD. Quelle place a ton métier dans ton pays ?
C'est très différent de ce qui se passe dans beaucoup de pays, notamment en France. Il n'y a pas de BD mainstream comme ici, la majorité de la production est alternative, indépendante. Les artistes les plus connus chez nous font souvent des satires, des autobiographies, du dessin parfois très simpliste, souvent en noir et blanc. C'est super, même si ce n'est pas ce qui m'intéresse. Ce qui est super surtout, c'est qu'on a effectivement au moins autant, si ce n'est plus de femmes que d'hommes.

Ce qui est curieux, c'est qu'en France et ailleurs en Europe, les lecteurs trouvent que j'ai une image très comics, alors qu'aux USA, on trouve plutôt que j'ai un profil franco-belge. Pour moi, être publié aux Etats-Unis puis en France, c'est comme un retour à la maison. J'ai toujours été influencé par la scène française : Régis Loisel est un dieu pour moi ! En tant que lecteur suédois, je les ai lus avec une certaine distance : cela m'a permis de retirer de chacune de mes lectures ce qui m'intéressait. Si j'avais grandi en France, ça aurait été plus difficile pour moi d'être original. Ça m'a toujours un peu stressé et dérangé mais maintenant, je pense que c'est mon super-pouvoir [il fait un geste de Spiderman et éclate de rire].
Sur quoi travailles-tu en ce moment et quels sont tes projets ?

Je bosse sur Astrid, un récit de science-fiction assez enlevé, fun. Un genre de Barbarella mais en mieux [Nouvel éclat de rire]. Comme Alena, il est déjà chez Dark Horse et sortira chez Glénat, mais cette fois dans le label comics, fin 2017-début 2018.
Sinon je viens de dessiner des pages pour un pitch et je bosse sur un nouveau projet avec Sylvain Runberg au scénario. Et c'est la première fois que je suis invité à Angoulême et je trouve ça énorme, je me sens comme une rock star !
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