ZOO

L’amour comme résistance

Un duo gagnant

Comment avez-vous travaillé ensemble ?

Navie : Je travaille toujours mes textes en tiers. Je lui ai envoyé le premier en notant les idées que j'avais pour l'illustration. Et en fait on a presque été tout le temps d'accord, sur tout. C'est la double-page du coup de foudre qui nous a donné le plus de fil à retordre.


Carole Maurel : Par exemple, quand elle m'a dit qu'à la fin, elle voyait bien la foule représentée par des animaux, je me suis éclatée. Il y a toujours une appréhension au début d'une collaboration, mais c'est ce qui fait l’intérêt du projet. Si on reste dans sa zone de confort, on est satisfait mais il manque quelque chose. Là il y avait la difficulté et la satisfaction de l'avoir surmontée. Pour un premier scénario, elle s'est très bien débrouillé, notamment sur la mise en scène. Et moi j'ai pu me lâcher.

Carole, votre album Écumes est sorti quasiment en même temps, pouvez-vous nous en parler ?

Carole Maurel : Ça parle de reconstruction après un deuil pré-natal. Un sujet pas évident donc, presque autobiographique pour la scénariste, Ingrid Chabbert. Graphiquement l’approche est différente pour ce livre, plus dans la continuité de Luisa, ici et là. J'ai pris des libertés graphiques qui viennent nourrir la narration. L'album n'est pas basé sur de l'action, mais sur la psychologie des deux personnages. Je vais finir par m'habituer aux histoires difficiles !

Navie : Ton trait profond correspond bien à ce genre de récit en même temps !


Carole Maurel : J'ai cette chance d'avoir toujours des projets sincères. La difficulté sur Écumes était de ne pas basculer dans le pathos, d'avoir une certaine pudeur dans le dessin et Collaboration horizontale m'y a aidée. J'ai réutilisé ce que j'avais appris pour réaliser des séquences plus symboliques que réalistes. C'est génial quand des albums te permettent d'apprendre et de passer des caps sur les suivants.

Vous aviez travaillé seule sur Luisa, ici et là, mais vous enchaînez désormais les collaborations. Le travail à deux est plus intéressant ?

Carole Maurel : A chaque scénariste, c'est différent. Il faut réapprendre et s'adapter, mais c'est très enrichissant. J'aime bien travailler avec des gens qui viennent d'autres milieux, comme la photographie avec Chloé Vollmer-Lo ou l'audiovisuel avec Navie. Il y a une approche différente sur le scénario. Je commence à m'habituer au confort de travailler avec des scénaristes. J'appréhende de me remettre à l'écriture toute seule : on est face à soi, il n'y a pas de regard extérieur, c'est moins évident d'avoir du recul.


Quels sont vos projets à toutes les deux ?

Carole Maurel : J'attaque une adaptation de roman avec Steinkis qui va bien m'occuper en 2017. J'ai aussi un petit projet avec La Revue dessinée, je travaille avec une journaliste, ça me change complètement d'univers. C'est difficile mais c'est tellement enrichissant !

Navie : Plus on en parle et plus j'ai hâte qu'on rebosse ensemble ! J'ai une idée que j'aimerais faire avec Carole et sur laquelle notre éditrice est prête à nous suivre. Évidemment, ça va parler d'amour ! L'amour solidaire, l'amitié, les amours contrariées... l'amour c'est ma passion !


Sinon je travaille sur l’écriture d'un long métrage et d'une série TV, mais j'ai aussi signé avec Delcourt pour une BD. Il y a deux ans, j'ai perdu 60 kg. Souvent, l'addiction à la nourriture est abordée sous l'angle dramatique de la boulimie ou léger des régimes pour rentrer dans son jean. Le ton sera ici différent : j'ai perdu l'équivalent d'un être humain adulte, je vais donc le personnaliser comme un individu qui m'accompagne, dans les moments de joie comme dans ceux où l'on va très mal. Ça s'appellera Moi en double et il sortira en 2018. Le sujet est assez violent et grave, j'ai donc choisi une dessinatrice au trait brut : Audrey Lainé, qui vient de l'animation. Elle a 23 ans, elle est révoltée, c'est parfait !

On va donc faire des BD chacune de notre côté, et ensuite on se retrouvera autour d'un beau projet avec Carole. Ce sera elle et personne d'autre, même si je dois encore l'attendre !

Haut de page

Commentez

1200 caractères restants