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Kris et une tragique nuit brestoise

Cap sur les terres brestoises

Au-delà des faits historiques, on sent une atmosphère particulière dans la bande dessinée, proche de celle du cinéma des années 30…

Pour l’atmosphère, Nuit noire sur Brest reprend beaucoup d’éléments des films d’époque. On retrouve notamment les figures des sales types et celle de la femme fatale, incarnée dans la BD par Mingua, la belle italo-espagnole chargée de faire passer Ferrando du côté de camp nationaliste. On a glissé pas mal de clins d’œil à ces chefs-d’œuvre, dont Quai des Brumes, Pépé Le Moko et surtout Remorques qui se déroule à Brest.

Extrait page 39 de Nuit noire sur Brest

Avant le tournage de Remorques, Trauner, chargé du décor, s’était rendu sur place pour photographier la ville à cette période. Ces clichés nous ont été très utiles pour installer l’ambiance particulière du port de Brest, avant qu’il ne s’écroule sous les bombardements de la Seconde Guerre mondiale...

Une ambiance que Damien Cuvillier ressuscite sur ses planches. Comment est née votre collaboration ?

Damien et moi nous sommes rencontrés lors du festival d’Amiens, avant de se retrouver dans le cadre d’un projet d’album collectif intitulé La Crise, quelle crise ?. J’y racontais l’histoire de mon père, dont le commerce avait déposé le bilan à cause de l’instabilité économique. Au départ j’hésitais à collaborer avec Damien, qui avait un trait comique, peu approprié pour un sujet aussi sérieux, mais il a su s’adapter facilement à la gravité du récit.

Extrait page 11 de Nuit noire sur Brest

Damien a ce talent de faire des planches en couleur directe à l’aquarelle, avec un dessin à la fois réaliste, mais aussi caricatural. Exactement ce que je voulais pour les personnages de Nuit noire sur Brest. À l’époque je n’avais pas pensé à le greffer au projet, vu qu’il était censé travailler sur l’adaptation d’un roman de Morbillat. Seulement l’idée l’emballait tellement que je n’ai pu faire autrement que lui confier le dessin !

Comment s’est organisée la composition de l’album ?

Pour la scénarisation de la BD, j’ai été rejoint par Bertrand Galic, avec qui j’avais déjà collaboré sur Un maillot pour l’Algérie. Vu que nous vivions l’un à côté de chez l’autre, le récit s’est bâti en direct. Une fois l’écriture finie, nous nous repartissions le découpage des scènes, case par case. Après avoir corrigé et remodelé l’ensemble, on envoyait le scénario à Damien. Lorsque ce dernier avait fini les planches, Bertrand et moi faisions un compte-rendu commun, avec les retouches à faire.

Extrait page 63 de Nuit noire sur Brest

Ecrire une BD à quatre mains est assez chouette, car ça nous permet de combattre une certaine solitude du scénariste. C’était plutôt facile d’échanger avec Bertrand, même si on avait des points de vue différents au sujet de la scénarisation. Alors que Bertrand adore les scènes d’action, je préfère les scènes plus intimes. Elles ne font pas forcément avancer l’intrigue mais elles ont le mérite de grandir certains personnages comme Mingua. Je tenais à lui donner plus d’épaisseur, et montrer qu’elle n’était pas seulement une femme vénale à la botte des franquistes. Certaines scènes, en particulier une d’elle enfant, tentent de révéler ses intentions, ses doutes aussi, face à son histoire d’amour avec Ferrando.

Extrait page 52 de Nuit noire sur Brest

Bertrand et moi avons beaucoup discuté sur ces points scénaristiques, afin de fondre de manière harmonieuse nos idées. Ça prend beaucoup de temps, mais ça nous fait gagner en technique. Mais parfois il faut se détacher de cet aspect pour que nos créations épousent au mieux notre personnalité ! Comme avait dit Jacques Brel à journaliste de France Inter : « La technique, ah mais monsieur, en matière artistique c’est péché mortel ! »

D’autres projets en cours après Nuit noire sur Brest ?

Plein ! Le plus avancé est Notre Amérique, la suite de Notre Mère la Guerre toujours avec Maël au dessin. L’intrigue se passe au lendemain de la Première Guerre mondiale et suit le parcours des soldats survivants sur la voie des révolutions qui vont marquer les années 20-30 ! Il sort le 13 octobre.

Extrait page 49 de Nuit noire sur Brest

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