Même Mozart a écrit de mauvaises sonates
Vous êtes toujours satisfait de ce que vous écrivez ?
Mozart a aussi écrit des sonates très mauvaises. Il faut accepter qu’on puisse être mauvais. Selon comment l’album est reçu, ça fait mal. On râle. Et tout le monde a fait son boulot pourtant, dessinateur, éditeur, libraire. On oublie et on avance. J’essaye de nouvelles musiques, je veux m’amuser.

Extrait de Boule à zéro
Le succès sur un titre est aussi un beau mariage avec le dessinateur. Ma marque de fabrique est avant tout des dialogues de qualité. Il faut que je me force à faire plus visuel, donner de l’image.
La reprise de Ric Hochet a été compliquée ?
Au départ il devait y avoir une série mère, pas une reprise, plus un Ric Hochet vu par. C’était un peu dangereux de créer trop d’univers autour de Ric Hochet qui n’est pas une marque assez forte. Donc une seule série suffisait et j’y ai apporté des références, le polo de Ric qui de bleu devient rouge, sa liaison avec Nadine. Le deuxième tome est écrit et je suis sur le troisième. Dans le deuxième album, je dois remettre l’univers de Ric Hochet sur les rails, être plus classique. J’avais été très marqué jeune par l’album L’Ombre de caméléon.

Les nouvelles aventures de Ric Hochet
Vous êtes un lecteur fervent de BD ?
J’ai relu beaucoup de BD. Je suis en retard sur des séries. Je reçois des albums des éditeurs. J’en achète peu. Le dernier tome des Nombrils par exemple est parfait. Comme le Jardin de minuit d’Edith ou le Binet, Haut de Gamme ou Sattouf. L’Arabe du futur est magnifique. Je relis l’intégrale des Peanuts 1973, la meilleure BD qui existe pour moi.
Vous avez beaucoup de projets en chantier ?
Le deuxième tome de Ric Hochet sortira l’automne prochain. J’ai Spirou avec Marc Hardy et Frank Pé, Ducobu, un projet pour Edith, corriger un scénario, le deuxième tome des Beaux Etés avec Jordi Lafebre. La fin d’année sera chargée et on y ajoute le tournage du film Tamara.

Tamara
Je fonctionne par étape mais je livre chaque fois mon scénario complet, clé en main. J’aime les héros au quotidien, les contes aussi c’est vrai. Comme dans Les Promeneurs sous la lune, Les 3 fruits ou Bouffon qui est un vieux scénario. Il peut y avoir un pitch qui vous habite depuis des années. J’ai mis quinze ans à sortir Boule à zéro. Personne n’en voulait. Je suis très tenté par un retour vers la jeunesse, notamment écrire une comédie pour le cinéma.
Quel avenir d’après vous pour la BD ?
Le marché est hyper-productif. D’où de jeunes talents qui émergent. On peut raconter n’importe quoi aujourd’hui, avoir des paginations énormes. On a accès au patrimoine de la BD, à des intégrales. On a une BD de qualité.
Par contre, plus inquiétante est l’absence de renouvellement du lectorat. On a perdu les 12-24 ans. Un lectorat qui était la pierre angulaire du marché. Ils lisent des mangas ou ils jouent. Le jeu vidéo est le plus important marché loisirs. C’est une réalité. On manque de presse spécialisée. Ma génération aura du mal à passer au numérique.
Le livre objet se maintiendra. On a bien juré que la radio était morte. Et elle est toujours là et progresse. Les bonnes histoires captiveront toujours les gens. Il y a des auteurs, jeunes, qui ont compris et qui créent pour le web. Même si le transmedia en BD est faible.

Extrait des Beaux étés T.1
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