Raconter la Grande Guerre sans esbroufe
Côté documentation, des difficultés ?
Pas vraiment. Une peut-être, trouver des photos des lieux avant les combats comme par exemple le fort de Douaumont que l’on montre toujours écrasé d’obus et jamais intact. Sinon il y a tellement de blogs et de sites sur le sujet, de photos prises dans les tranchées sur le net que l’on n’a que l’embarras du choix.

Vous vous êtes engagé dans une belle course de fond ?
Le mot est juste. Mais c’est très agréable, un vrai challenge. Cela permet de se familiariser avec les personnages, qu’on apprend à maîtriser, on a le temps de s’installer tout en alternant aussi avec d’autres projets.
Lesquels ?
J’ai signé chez Ankama deux albums dont le premier a paru en juin dans la collection Stefan Wul dirigée par Olivier Vatine : Le Temple du passé avec Hubert au scénario. Cela m’aurait semblé de toute façon difficile de rester cinq ans sur le seul sujet 14-18.
En quatre ans de guerre vos huit soldats vont avoir des destins plus ou moins heureux ?
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Oui, bien sûr, la guerre ne va pas les épargner et il y aura, comme cela a été vraiment le cas dans les tranchées, des renouvellements de personnages. Au départ, ils sont huit du même village. Après selon les pertes, on regroupait les survivants. On parle aussi de ce qui se passe à l’arrière du front, ce qui n’a pas été facile. On montre les permissions qui se passaient mal parfois car les soldats arrivaient chez eux avec leur rage, leur violence du front dont ils avaient du mal à se débarrasser.
Vous connaissiez bien la guerre de 14 ?
Non, je n’étais pas un spécialiste du sujet tout en étant passionné d’Histoire. Mes grands-pères avaient fait 14 et avaient beaucoup de mal à en parler. J’ai fait confiance à Eric Corbeyran pour toute la partie historique qu’il maîtrise bien. J’ai évité de lire des BD récentes sur 14. Par contre j’ai lu des classiques comme Le Feu de Barbusse.
Un de vos personnages est un dessinateur. Les sanguines, les portraits qu’il fait sont superbes. Vous êtes un dessinateur qui en fait dessiner un autre ?

Oui, et je le fais évoluer pour l’amener, petit à petit, vers l’art moderne. Il y a eu des carnets de croquis fantastiques faits dans les tranchées. On pourrait presque rassembler ces dessins dans un album spécial ! Le projet global de cette série oblige à relever toutes sortes de défis. C’est le côté amusant de ce métier.
J’ai pris de la distance. Quand j’ai fait chez Dargaud un épisode de WW 2.2 qui se passait pendant la guerre contre le Japon, je compatissais mais je ne m’identifiais pas. J’ai évolué avec un dessin plus rond pour 14-18, plus généreux. Il fallait qu’on y croie. Pas d’esbroufe, je reste à hauteur d’Hommes. Eric connaît bien les mécanismes des éléments romanesques ou feuilletonesques qu’il utilise. On a vraiment formé un très bon duo et on a pris beaucoup de plaisir à cette série pour laquelle Delcourt a joué le jeu totalement.
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