Un auteur qui met des cases dans les galeries.
Vous travaillez énormément sur vos planches, à tel point qu’on se demande si c’est pour l’exposition ou la BD ?
C’est fait pour les deux, je fais des expositions depuis longtemps donc quand je fais une page de BD, je pense à une autre dimension picturale spécifique. Je sais très bien que la dorure ne passera pas à l’impression, c’est pour ça que je suis content quand il y a des expositions comme aujourd’hui. J’aimerais bien que ça tourne un peu plus souvent. C’est une nouvelle manière de travailler que je développe avec Wika et l’exposer permet de montrer une partie de mon travail que la bande dessinée ne transmet pas.
Vous travaillez en couleur directe depuis longtemps, est-ce une marque de fabrique ?

Obéron, cruel et sans pitié,
s'apprête à tuer le père de Wika
J’ai commencé à faire de la BD peu après les progrès techniques qui permettaient d’utiliser la couleur directe. Heureusement pour moi d’ailleurs car je sortais des Beaux-Arts et je ne savais que peindre ! Je ne savais même pas qu’on faisait autrement !
Quand on m’a mis un bleu entre les mains je ne savais pas ce que c’était. J’ai essayé mais j’ai trouvé ça chiant. Quand j’ai commencé les Chroniques de la Lune noire, j’avais 19 ans. J’ai travaillé en noir et blanc avec un coloriste mais je n’arrivais à faire ce que je voulais avec les scénarios de Froideval. Mais mon style change, il y a des choses que je faisais graphiquement en utilisant l’aérosol à l’époque de Sha que je ne saurais plus faire maintenant. C’est parce que je n’ai plus envie de les faire et qu’en ne les travaillant plus on les perd. J’évolue avec le temps et mon dessin aussi...
Pensez-vous que le statut du dessinateur de BD a évolué ?
La posture a beaucoup changé avec Bilal et Hergé. A partir du moment où leurs planches ont atteint des records dans les salles d’exposition qu’on a commencé à s’intéresser au travail du dessinateur de BD comme celui d’un artiste. La bande dessinée a l’avantage, et c’est surtout le cas en France, de laisser plus de marge au dessinateur. Il y a un ton plus libre qui aide à la qualité.
Et est-ce que vous avez des projets en tête, après Wika ?
Des projets, j’en ai plein. Je travaille sur Wika en mais ce qui est pratiquement sûr, c’est que je vais faire un projet sur Hokusai. Je voudrais partir d’une estampe, Le rêve de la femme du pêcheur, qui représente une femme qui fait l’amour avec des pieuvres. On le voit de temps en temps mais rarement dans les livres sur Hokusai. A partir de ça on veut créer une histoire un peu Lovecraftienne sur la côte japonaise.

Titania, prête à affronter son destin...
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