David Ratte s’est lancé sur les traces de la tribu des Himbas en Namibie. Il en a ramené Mamada, gardienne des traditions de son peuple. Ratte revisite le mythe du super-héros dans ce premier tome, Epoustouflante migrante. Une aventure cocasse, drôle et une rencontre à Angoulême avec David Ratte pour tout savoir sur l’avenir prometteur de Mamada.
David Ratte, aussi grognon que son héroïne
Où avez-vous trouvé Mamada ?
David Ratte : Ce sont des envies combinées qui lui ont donné vie. Mamada (le féminin de Mamadou mais pas sûr !) est un super-héros. En fait, elle le devient et je voulais travailler le thème. C’est ma première envie. J’ai décalé le sujet. Elle a un super pouvoir qui lui a été donné par hasard. Elle a été contaminée par une substance échappée d’un satellite qui s’est écrasé dans la savane. Mais elle ne sait pas encore l’étendue de ce pouvoir absolu. Elle réagit avec sa culture.
Ce pouvoir l’a télétransportée dans le métro à Paris et elle découvre, horrifiée, la vie de ces curieux indigènes que nous sommes. La suite, c’est dans le prochain tome en septembre.
Elle est de la tribu des Himbas qui existe vraiment en Namibie ?
D.R : Oui et c’est la seconde envie. J’avais vu Rendez-vous en Terre Inconnue avec Muriel Robin et Solène Bardet qui se passait chez les Himbas. J’ai eu le coup de foudre, le déclic. J’ai gardé l’idée pour un jour aller plus loin. Solène Bardet a vécu chez les Himbas et a écrit un superbe bouquin, Pieds nus sur la Terre Rouge.
Enfin j’avais une dernière envie, celle de me défouler sur notre société. Quand les Parisiens, du métro sont télé transportés par Mamada en Namibie cela me permet de donner la vision des Himbas sur la façon saugrenue de vivre des Occidentaux.
Mamada a un sacré caractère !?
D.R : Elle est grognon, comme moi. J’aime bien les grognons. (Rires). Et j’aime bien aussi les histoires où les personnages deviennent des symboles petit à petit, un peu comme dans ma précédente série, Le Voyage des pères.
Mamada. est la gardienne du temple pour les Himbas. Elle veut que les traditions demeurent. Dans le tome 2, les Himbas sont confrontés à une autre tribu, les Hereros qui existent aussi. Eux, ils se sont occidentalisés mais avec un train de retard. Les femmes portent des robes à crinoline. Les deux tribus sont en guerre sur leur avenir.
Le pouvoir qu’elle détient elle l’a eu involontairement ?
D.R : Oui, mais elle croit que c’est son grigri qui le lui a donné. Elle ne le maîtrise pas mais elle apprendra à s’en servir car elle est très intuitive et comprend vite.
Une fable pour laquelle David Ratte n’avait rien calculé
Comment avez-vous construit ce début de série ? Les dialogues sont peaufinés, vifs.
D.R : J’improvise. J’ai besoin d’être dans l’action pour développer mes idées. J’avais fait une première planche un an avant de me lancer. Quand les personnages sont en situation, je fonctionne mieux. Je n’avais pas prévu au départ, par exemple, d’envoyer les Parisiens du métro en Namibie. Je ne suis pas organisé dans mon travail mais je m’amuse bien. J’ai ressuscité un petit chat que je faisais mourir à la demande de ma coloriste.
Par contre, je soigne mes dialogues. C’est la seule chose que je prépare à l’avance. J’ai des petits papiers avec des lignes de dialogue que je garde.
A la fin du premier tome une équipe de scientifiques asiatiques récupère le satellite et se lance sur les traces d’éventuels contaminés comme Mamada ?
D.R : Il y a une menace à la fin de l’album. J’ai prévu plusieurs cycles. En particulier un rapprochement entre Mamada paumée à Paris et la jeune Sidonie qu’elle a sauvée. Une complicité va s’établir entre elles, une sorte de relation mère-fille. Mais Sidonie risque de devenir le mauvais génie de Mamada.
On va aussi savoir pourquoi Sidonie a voulu se suicider. Mamada va faire son apprentissage, contrainte et forcée, de la vie occidentale. Les Parisiens en Namibie vont par contre être confrontés à une réalité qui les dépasse.
Mamada, c’est un peu une fable. Il y a de la pudeur, de la tendresse…
D.R : Je me suis ouvert beaucoup de pistes pour la suite. Ce qui est certain c’est que Mamada ne va pas rentrer chez elle immédiatement. Cela n’aurait pas d’intérêt. J’ai envie de l’envoyer avec Sidonie aux USA pour se confronter à un autre mode de vie, encore plus violent que le notre. Mais aussi pour qu’elle aille à la rencontre sur place des super-héros américains.
On sent que vous avez pris plaisir à donner vie à Mamada. Une intrigue, de l’aventure, de l’action, un bel ensemble qui s’appuie sur un dessin expressif.
Je n’ai rien calculé. L’aventure a été très jouissive, comme pour Le Voyage des pères. Je me suis attaché à Mamada et je souhaite que nous fassions une longue route ensemble.
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