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L'inaltérabilité de l'éducation compatissante

Avec cette adaptation du livre le plus vendu de l’histoire japonaise, Totto-Chan : la jeune fille à la fenêtre évite le piège du littéralisme autobiographique pour livrer un beau film d’animation sur l’innocence à laquelle les enfants s’accrochent alors que le monde s’assombrit.

Avant toute chose, une double contextualisation à l’adresse de l’Occident s’impose. Monument de la culture populaire nationale, Totto-Chan  est tout d’abord le surnom dont on avait affublé, petite, Tetsuko Kuroyanagi. Actrice de doublage et star de la télévision japonaise, elle devient une icône en 1981 lorsqu’elle publie Totto Chan : la jeune fille à la fenêtre, autobiographie tendre sur ses jeunes années à l’aube de la guerre qui s’écoulera à plusieurs millions d’exemplaires. Ensuite, « un enfant à la fenêtre » est loin d’être une expression anodine en japonais : elle évoque les non-conformes, les marginaux mis à l’écart d’une société en ordre de marche. Si la première information relève du bonus, on conviendra que la seconde a son importance.

Tout juste âgée de sept printemps, Totto-Chan est une gamine aussi adorable qu’épuisante. Débordante d’énergie, incapable de rester concentrée plus de quelques secondes pour mieux exprimer tout ce qui lui passe par la tête, 1940, son comportement suscite surtout l’ire de ses instituteurs au point d’enchainer les écoles. Jusqu’à ce jour béni où sa mère franchit le seuil de l’établissement Tomoe Gakuen, dirigé par le peu orthodoxe directeur Kobayashi…


Vivre et laisser devenir 

Totto-Chan est l’histoire d’un épanouissement à hauteur d’enfant grâce à l’éducation avant-
gardiste prodiguée par Koba-yashi consistant à laisser ses élèves se trouver par eux-mêmes.

À ce titre, le réalisateur Shinnosuke Yakuwa met en scène de magnifiques vignettes / tranches de vie d’abord guillerettes, puis progressivement empreintes de sérieux à mesure que le contexte amical comme international s’assombrissent. On rit beaucoup dans Totto-Chan lors de certaines saynètes à la fois cracra et bienveillante avant d’être saisi par l’émotion face à la justesse d’une amitié complexe avec un jeune garçon atteint de polio. Car, entre le réalisme et les belles trouées oniriques, entre la trivialité et la gravité existentielle, Totto-Chan souligne l’importance de s’émerveiller. Envers et contre tout.

Animé

Adaptation

Enfance

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