Le tome précédent s’achevait sur une révélation inattendue : la jeune Chimère, nouvelle pensionnaire de La Perle pourpre, une maison close fréquentée par le gratin parisien, apprenait à Gisèle, la très sévère tenancière du lieu, qu’elle n’est autre que sa propre fille, abandonnée treize ans auparavant. Chimère entend prendre sa revanche et, dorénavant, partager son pouvoir sur « la petite entreprise ». Gisèle se pliera aux liens du sang. Ce nouvel album confirme la montée en puissance d’une intrigue menée de main de maître.
Signe que cette série lui tient plus particulièrement à cœur, Christophe Pelinq, alias Arleston, a tenu à signer le scénario pour la première fois sous son vrai nom. Sa collaboration avec Melanÿn, déjà associée avec lui sur plusieurs autres séries révèle un tandem qui, même si l’on ignore le rôle précis de chacun dans l’élaboration narrative, fonctionne vraiment bien.
Après s’être affranchi un peu de l’influence de Régis Loisel, patente dans le premier tome, le dessin de Vincent trouve à présent la bonne vitesse de croisière. Son trait dynamique est aussi performant dans les nombreuses scènes d’action que dans les scènes d’exposition, jamais avares en détails. Les couleurs très flashy sont signées par Dame Morgil, qui succède désormais à Piero sans la moindre rupture de style.
Parmi les pensionnaires de La Perle pourpre, Ferdinand de Lesseps, devient la cible d’un chantage ourdi par un banquier américain qui vise à faire échouer le chantier du canal de Panama. Pour étoffer l’intrigue et donner plus de consistance à leurs personnages, les deux scénaristes reviennent aussi sur la jeunesse de Gisèle, qui lorsqu’elle se prénommait encore Olympe, se destinait à une carrière de danseuse classique à l’Opéra de Paris. Sa liaison tumultueuse avec Vincent Van Gogh va, hélas, contrarier son destin.
Dans ce Paris, en plein préparatifs de l’exposition universelle de 1900, la Belle Epoque s’avère également épique, et ce, pour notre plus grand bonheur.
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