Petite fille de ferme, Lily vit avec son père, sa belle-mère, ainsi qu’avec quelques poules et chèvres. Difficile de se faire beaucoup d’amis lorsque viennent les vacances d’été. Heureusement, la jeune fille peut compter sur la présence de l’épouvantail qui surveille le champ d’à côté. Lui, il sait l’écouter. Il semble également avoir vu des choses… mais quoi ?
On dirait du Tim Burton. Ça ressemble à du Tim Burton… mais ça n’est pas du Tim Burton. Et c’est encore mieux comme ça ! Philippe Pelaez, scénariste du western Six (publié depuis 2023) et de l’aventure spatiale Neuf (publié en 2024 chez le même éditeur), s’est associé à Stéphane Sénégas, dessinateur des aventures du petit Indien Anuki (publié depuis 2011) et de Lucien (publié en 2022). Ensemble, ils signent cet étrange conte cauchemardesque mais envoûtant, centré sur l’amitié unissant une petite fille avec un épouvantail.
Dans une ferme isolée, Lily, une petite fille au caractère bien affirmé, vit avec son père et sa belle-mère. Elle partage son quotidien entre ses animaux, l'école et un épouvantail planté en haut d'un champ. © Épouvantail - Dargaud
Pas de quoi effrayer un enfant…
Un conte ? Vraiment ? En tout cas… c’est comme ça que l’intrigue commence. Et progressivement, le scénario de Pelaez mute vers quelque chose d’autre : à mi-chemin entre le thriller psychologique et l’épouvante à la Edgar Allan Poe… À moins que tout ça ne soit le fruit de l’imagination d’une enfant ? Sur ce plan, Épouvantail est une indéniable réussite, embarquant le lecteur dans une déroutante mais captivante histoire mêlant plusieurs genres. Le personnage de l’épouvantail est au barycentre de toutes ces intrigues, car témoin gênant de certains évènements… Mais lesquels ? En tout cas, seule Lily a l’air capable de communiquer avec lui, et c’est là le nœud du problème.
Un oiseau ? Encore moins !
Initialement conçu pour effrayer les volatiles qui planent autour de lui, l’épouvantail semble plus effrayer les adultes qui gravitent autour de lui. Il fallait donc un graphisme bien assorti à ce schéma. Et on peut dire que Stéphane Sénégas livre un travail absolument SPLENDIDE. Un noir et blanc cauchemardesque, un arbre sans feuille qui semble tout droit sorti de Sleepy Hollow (un film de Tim Burton sorti 1998), des corbeaux qui font « CROA CROA CROA » jusqu’à rendre maboule la mise en page et un épouvantail avec des boutons cousus à la place des yeux. À lire si vous aimez les films en stop-motion de Henry Selick : les univers de L’ Étrange Noël de Monsieur Jack et Coraline sont dans le champ d’à côté.
Article publié dans le mag ZOO n°104 Mai-Juin 2025
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