Qui d'autre que l’énigmatique Parker pourrait mieux introduire la nouvelle collection de Dupuis : Aire Noire ? Vol, trahison, course-poursuite, un démarrage en trombe.
Les péripéties de Parker, l'illustre anti-héros créé par Richard Stark, de son vrai nom Donald E. Westlake, incarnent à merveille la quintessence du style hard-boiled, ce qui a d’ailleurs amené diverses adaptations cinématographiques. Des personnages rugueux, qui ne font pas dans la dentelle, des vols qui tournent mal, des vengeances qui s'achèvent dans le sang et les balles, et un héros tout aussi complexe que ceux qu'il traque.

Extrait de "Parker 1969 - La proie" © Dupuis
Adaptation évidente
Entre 2009 et 2018, on a eu droit à quatre superbes tomes mis en scène par Darwyn Cooke, qui proposait une direction artistique à la fois rétro et contemporaine qui s'accordait parfaitement aux atmosphères de l'univers de Parker. Doug Headline et Kieran adoptent de nouveau la même démarche stylistique alliant minimalisme formel, prose austère et sans détour pour raconter cette histoire en constante tension. Le malfaiteur est obligé de débusquer un complice qui l'a trahi, après un braquage, en éliminant le reste de son équipe et en s'emparant du butin. Peu importe qui se mettra sur son chemin, rien ne pourra l'empêcher d’aller jusqu’au bout, même ceux qui pourraient être séduits par l'argent. On perçoit l'essence des livres, cette prose acérée et exacte.

Extrait de "Parker 1969 - La proie" © Dupuis
Du genre et rien d’autre
En débutant avec cet album, Dupuis annonce tout de suite la couleur de ce nouveau label rattaché à Aire Libre. Un bon polar noir, sans chichis, qui privilégie autant les ambiances moites et à contraste que le tempo d'une trame narrative qui semble presque improvisée au fil du temps, tant les tournants sont imprévisibles. C’est une bande dessinée de genre dans les règles qui s’appuie sur des classiques, qui provoque potentiellement l’espoir de nouvelles voix dans le domaine du roman noir.
Le genre policier a toujours un bel avenir devant lui et Aire Noire regorge de promesses.