Maman solo

Depuis le départ de son compagnon, Julie doit désormais assumer seule ses deux enfants en bas âge, les horaires de son travail et un semblant de vie privée qui s'amenuise à vue d'œil. D'autant que tout s'accélère petit à petit, il faut courir pour amener les petits à la crèche et ne pas arriver en retard au boulot ou il faut organiser les gros dossiers, tout en tentant de mettre le futur « ex » devant ses responsabilités, malgré son silence fuyant. Cette charge mentale qui s'amplifie est au centre de l'album. La jeune femme est solide, elle réussit à gérer son emploi du temps au jour le jour, mais cette énergie qu'elle doit fournir en continu, l'attention constante et la volonté de ne jamais faillir dans son rôle de mère l'épuisent. Elle aimerait qu'on l'aide, qu'on la soutienne, même juste un peu. Toutefois, elle tient bon, elle résiste.

Maman solo © Soleil, 2024

Emmanuelle Friedmann et Sophie Ruffieux dressent le portrait sensible d'une femme forte et indépendante, mais pas invulnérable. On la suit dans son quotidien, affrontant cette réalité tendue, évoluant dans une société de rendement où il est compliqué de concilier le privé et le professionnel, où le temps pour soi n'est finalement qu'une option qu'on oublie lentement. Et même si le récit garde une dimension partisane, cette mère célibataire est émouvante d'authenticité, de naturel.

Article publié dans le Mag ZOO N°100 Septembre-Octobre 2024