Atomka

Sharko et Lucie, policiers et en couple, affrontent pour la troisième fois une affaire bien glauque, où meurtres et recherche scientifique dévoyée sont intimement mêlés. Et le récit fonctionne plutôt bien, porté par un dessin dans l’ambiance.

Un journaliste est retrouvé assassiné dans un congélateur. Des expérimentations ont lieu sur des femmes dont les cadavres sont repêchés dans des lacs de montagne. Des enfants semblent être au centre d’expériences tout aussi inquiétantes. Mais qui joue aux apprentis sorciers ? L’enquête mène le duo de policiers en Savoie, puis au Nouveau-Mexique et même en Ukraine. On pourrait ajouter, si cela ne faisait pas cliché, que leurs pas les mèneront même jusqu’aux confins de la folie... L’ambiance est on ne peut plus poisseuse. De plus, Sharko soigne sa schizophrénie mais continue à avoir des visions qui l’interpellent sur certains aspects de son comportement.

Atom[Ka]
©Phileas, 2022

Sylvain Runberg adapte avec un certain brio le troisième roman d’une trilogie du romancier à succès Franck Thilliez. Il sait distiller une angoisse sourde qui contamine le lecteur. L’adaptation en un format plus court (100 pages, quand même) que dans le roman l’amène sans doute à certaines simplifications : tout le monde semble parler français et se comprendre, que l’on soit aux USA ou en Ukraine. Et le scénariste ne peut éviter le long explicatif du pourquoi du comment, qui fait penser aux vieux classiques de la BD franco-belge, quand le méchant explique benoîtement les clés du mystère au héros qui est son prisonnier ; avant un heureux retournement de situation, bien sûr. Mais que l’on ne se méprenne pas : la dernière partie surprend, entraînant le lecteur dans une direction qu’il n’attendait pas.

Luc Brahy a un style graphique qui convient tout à fait à l’univers décrit. Sombre, nerveux, organique. Ses ambiances hivernales dans les Alpes ou crasseuses au Nouveau-Mexique rendent bien. On peut y voir une certaine parenté avec le dessin de Hermann voire de Colin Wilson. Mais il s’agit peut-être d’une pure spéculation de l’auteur de cet article...

Enfin, un ouvrage qui résonne de manière lugubre avec une certaine réalité bien actuelle.