Benjamin sculpte et aime Romy. Au retour de leurs vacances en Espagne, elle est plongée dans un coma artificiel suite à un accident de voiture. Benjamin survit, hanté par cette jolie baigneuse sur une de ses photos à Cadaquès. Jusqu’à partir à sa recherche…
«Ce sont deux mondes bien distincts, sans aucune porosité. Le monde du réel et ses codes bien à lui, et le monde des laissés-pour-compte, le monde des hôpitaux et des services de réanimation. Un monde en mouvement qui danse et s’agite à l’air libre, et un monde à l’arrêt qui respire sous assistance dans une chambre étroite… Et entre les deux, un pied entre la vie et la mort, se tiennent ceux qui se taisent et souffrent en silence. Ceux qu’ils appellent les “chanceux”, les miraculés et dont je fais partie» observe Benjamin, le personnage principal de L’Étreinte.
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L’histoire d’une inconnue prise en photo sur une plage
© Bamboo
La vie entre parenthèses
Retour de vacances. Ce sculpteur et sa compagne, Romy, ont un accident de voiture. Elle est plongée dans un coma artificiel. Pour Jim, le scénariste, « les hôpitaux sont un monde à part que nous essayons de tenir le plus possible à l’écart. Mais y séjourner, c’est entrer dans ce monde qu’on préfère constamment ignorer. Au-delà de la question des hôpitaux, c’est la recherche du sentiment vrai, intérieur, d’exprimer des ressentis qui nous traverse tous. C’est parler de soi. Et comme très souvent, parler de notre intimité, c’est rejoindre l’intimité de tous ». On avance à l’aveugle dans la vie embrumée de Benjamin. Ce que Laurent Bonneau, le dessinateur, illustre bien : « Cet entre-deux mondes s’est imposé à nous jusqu’à constituer le fond même de l’ambiance du récit, nous guidant dans une “mise en scène” tout en flottement, proche de l’état psychologique de Benjamin. » L’Étreinte sent le vécu, mais n’est que pure fiction. C’est dire le haut niveau de narration. «On essaie constamment de toucher du doigt les ressentis, les impressions traversées», ajoute Jim.
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Benjamin est un jeune sculpteur qui prépare sa première exposition
© Bamboo
Attraper la vie
L’Étreinte. Celle de la vie que ces deux auteurs attrapent, comme les sculptures de Benjamin. Le scénariste confirme : «C’est ce qui nous réunit dans nos albums respectifs et a fait ici tronc commun. Attraper la vie, regarder l’humain, au plus près, et essayer de retranscrire des instants de vérités. Le reste, tout autour, c’est le bruit de la fiction». L’Étreinte. Trois cents planches d’humanité.
Article publié dans le Mag ZOO N°82 Juillet-Août 2021
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