
Rencontre avec Éric Corbeyran
30 septembre 2024
-Interview
Éric Chabbert, Corbeyran, François de Closets, Bérengère Marquebreucq
Série : Les guerres d'Albert EinsteinTome : 2/2Éditeur : Robinson
Scénario : Corbeyran, François de ClosetsDessin : Éric ChabbertColoriste : Bérengère Marquebreucq
Genres : Historique
Public : À partir de 16 ans
Prix : 14.95€
Scénario
Dessin
Pendant la Première Guerre mondiale, Einstein, l'antimiIitariste, fut horrifié de voir son grand ami, le chimiste Fritz Haber, mettre au point les gaz asphyxiants. Mais, au début de la Seconde Guerre Mondiale, c'est le même Einstein qui écrivit au Président Roosevelt pour l'inciter à mettre au point une bombe nucléaire... Le célèbre écrivain et journaliste François de Closets se penche sur la vie d'Albert Einstein dans ce diptyque fascinant, abordant une facette méconnue du scientifique. En collaboration avec le scénariste Eric Corbeyran et le dessinateur Eric Chabbert, l'auteur met en lumière le rôle du physicien et de son ami, le célèbre chimiste Fritz Haber, dans l'invention d'armes de destruction massive lors des deux Guerres mondiales, à savoir les gaz asphyxiants et la bombe atomique. Comment des hommes connus pour leurs positions pacifistes sont-ils passés, au nom de la science, de la recherche fondamentale à la destruction totale ?
La série se concentre sur les défis qu’affrontent les scientifiques au gré des soubresauts du monde en cette première moitié du XXème siècle. La sortie en librairie du second tome fut discrète en ce mois d’octobre. Le confinement imposé aura impacté fortement sa visibilité et celle de nombreux livres. Il convenait de rappeler l’existence de ces deux ouvrages sortis à un an d’intervalle.
Dans le 1er tome (1912- 1921), Fritz Haber, patriote et chimiste, invente les gaz asphyxiants afin d’abréger les combats ; Albert Einstein, physicien et humaniste, affirme son rejet des applications industrielles de la connaissance. Dans ce deuxième tome, qui suit les années 1921- 1946, le prix Nobel de physique vient d’être attribué à Albert Einstein (1921). Le milieu scientifique le congratule. Dans Berlin, la rue le conspue, l’accusant de pervertir la jeunesse. N’est-il pas pacifiste et juif? N’empêche! Sa notoriété s’internationalise tandis que la vague brune monte en Allemagne.
Comme toujours, la Science et d’éventuelles implications industrielles font l’objet de débats entre Fritz Haber et lui. La montée de l’antisémitisme devient une préoccupation grandissante que les deux amis évoquent désormais. Si bien qu’en 1934, Haber se réfugie en Suisse. Il y décède, prématurément, peu après. Einstein émigre définitivement vers les États-Unis.
C’est là-bas, dans sa résidence de Nassau Point, qu’en août 1939, il reçoit la visite de deux estimés collègues venus l’enjoindre d’agir en direction du Président Roosevelt. Celui-ci doit être informé des avancées de la recherche atomique menées récemment dans le monde, averti des signes préoccupants de captation des mines d’uranium par le régime nazi, conseillé sur les risques qui en découlent et les stratégies à mettre en œuvre au plus tôt.
Sensible à l’argumentation, le pacifiste, conscient que l’on ne négocie pas avec le nazisme, appose sa signature au bas de « la lettre au Président ». Celle qui déclenchera la mise en chantier des recherches sur l’atome aux U.S.A. et, in fine, la réalisation d’une bombe d’exception… qui frappera le Japon.
François de Closets, aidé d’Éric Corbeyran, permet la proximité avec l’homme public que fut Albert Einstein. Si le premier tome est fortement ancré dans l’intimité amicale et conjugale, le second expose plus le savant en tant qu’objet d’attention de la part de ses pairs, de la presse et du public. Il s’agit d’un récit incitant à l’humilité, à l’absence de jugement face au renoncement de l’idéal pacifiste. D’autant que les événements ne se déroulent pas forcément comme prévu ».
Enfin, le dynamisme et la lisibilité des pages composées par Éric Chabbert sont appréciés. De belles vues d’ensembles architecturaux et de rares scènes de guerre sont offertes. Quant aux couleurs de Bérengère Marquebreucq, elles densifient le dessin, lui conférant une lumineuse réalité.