Les soldats de Salamine

Les Soldats de Salamine, tiré du roman espagnol de Javier Cercas de 2002, est adapté par José Pablo Garcia en BD. On y découvre le narrateur et protagoniste de l’histoire, Javier Cercas, un écrivain en manque d’inspiration.

Javier Cercas, alors âgé d’une trentaine d'années, ne croit plus en son travail d’écrivain. Repris comme chroniqueur dans un journal, il s’entretient avec un dénommé Rafael Sanchez Ferlosio qui témoigne de l’histoire de son père pendant la guerre civile espagnole.

Dès lors, Javier se lance dans un tumultueux travail de recherche autour d’un événement spécifique : une exécution près d’un sanctuaire, à la fin de la guerre civile espagnole, au mois de janvier 1939, en Catalogne.

Un des fondateurs de la Phalange, échappe au peloton d’exécution
des troupes républicaines en déroute grâce à un soldat

Une histoire de témoignages

Rafael Sanchez Mazas, opposant des républicains, est un grand poète devenu l'un des fondateurs de la Phalange, l’autre mouvement fasciste, également rival de Franco. C’est à partir de ce personnage, autrefois célèbre, que le journaliste Javier mène son enquête. Il espère comprendre ce geste d’humanité, qui suspend, pendant quelques secondes, la haine et la violence.

La BD nous dévoile aussi bien la réalité des faits que le processus d’écriture journalistique. L’histoire est nourrie de précieux témoignages issus de la fin de la guerre. Mais à travers ces entretiens, ce qui motive réellement Javier, est d’en apprendre davantage sur cet instant bref et intense qui détermine la naissance même de l’écriture des Soldats de Salamine. «Ces récits recueillis ne sont-ils que des légendes ?», se questionne l’auteur.

Les Soldats de Salamine est porté par une réflexion profonde sur l’essence même de l’héroïsme

Un style particulier

On retrouve son style graphique déjà présent dans Vivre en terre occupée : un voyage en Palestine de Naplouse à Gaza. Cette douceur du trait, qui tend à humaniser ces personnages, pris dans des combats idéologiques d’une grande sauvagerie. La figure du journaliste humble et transparent est d’ailleurs en adéquation avec sa représentation graphique. Ce dessin très lisible aux traits épais, aux couleurs claires nous accompagne plus aisément dans la lecture de ces narrations emboîtées.

Cependant, nous pouvons parfois nous perdre dans cette mise en abîme de témoignages, où l'événement central du récit nous est raconté sous plusieurs angles, par l’intermédiaire d’une série d’interlocuteurs. Mais ce processus met tout de même en lumière l’ampleur du travail d’enquête journalistique, d’un homme curieux et passionné.

Jusqu’à la fin, et pour toujours, il nous semble que le mystère demeure pour entretenir cette jolie légende dans un épisode historique aussi traumatisant et ancré que la guerre civile espagnole.