La voie du tablier nous propose de compulser le code d’honneur de la femme au foyer japonaise, interprété par… un ex-yakuza.

GOKUSHUFUDO
© Kousuke Oono / 2018 SHINOCHOSHA
Les Japonais ont du mal à s’extraire du carcan qu’essayent constamment de leur imposer leurs semblables. Dans un pays où rentrer dans le moule signifie vivre une vie heureuse et sans encombre, les êtres humains sont souvent défini à l’extrême par leur catégorie professionnelle. Homme de bureau en col blanc, petite frappe des rues, femme au foyer… Cette rigidité rend d’autant plus facile le détournement. Quoi donc de mieux pour brouiller les pistes qu’une improbabilité sociale telle qu’un bad boy au foyer ? Le décalage lié à la transposition est classique mais n’en perd cependant pas en saveur, notamment grâce à la capacité qu’a l’auteur, Kousuke Oono, à forcer le trait sans retenue.
Sonatine en tablier
Tatsu l’Immortel n’est pas un mauvais bougre. Du moins plus maintenant. Il éprouve seulement quelques difficultés à se défaire d’un air patibulaire directement issu de son ancienne carrière mafieuse et de quelques malencontreux reflexes un tantinet extrêmes. Acheter un DVD comme on achète deux tonnes de cocaïne, ça n’est définitivement pas très rassurant... Si lui-même ne perçoit pas tout à fait le problème, il va sans dire que son entourage angoisse, lui, sévèrement. Tant pis si tout le quartier est terrifié et si son ancienne vie revient constamment lui mettre des bâtons dans les roues, rien n’empêchera l’ancien yakuza de profiter des promotions-éclairs de la superette du coin ! Les chapitres sont courts, leurs conclusions font bien souvent mouche grâce, il faut l’avouer, au côté complètement frapadingue de Tatsu l’Immortel. Le mélange prend dès les premières pages et ne semble pas sujet à essoufflement.
Article en avant-première : retrouvez-le dans le magazine Zoo n°72, en librairie le 9 juillet.