Toute une génération se souvient des images télévisées de l’évacuation des soldats et civils américains lors de la prise de Saigon par les troupes de l’armée nord-vietnamienne fin avril 1975. Car jamais une guerre n’avait été autant médiatisée. Clément Baloup revient sur ces événements en ajoutant un dernier chapitre à la série Chinh Tri toujours avec son partenaire graphique, le très surprenant Mathieu Jiro.
Contrairement aux deux volets précédents publiés à l’origine aux éditions du Seuil en 2005 et en 2007, l’histoire de Lady Ace se concentre sur une très courte période, soit à peine deux mois avant la chute de la capitale sud-vietnamienne. 
Liée à un GI américain qui lui a promis de l’emmener aux Etats-Unis et l’épouser là-bas, elle guette sur les ondes radio la chanson White Christmas, qui donnera le signal pour rejoindre l’ambassade afin d’y être évacuée par hélicoptère. Mais les ressortissants américains ont priorité sur les autochtones qui ont milité et collaboré avec l’armée US. Ils savent que les représailles infligées par les vainqueurs seront terribles pour tous ceux qui ont travaillé pour l’ennemi en déroute.
S’il y a bien une filiation entre les trois volets de cette série, il n’est pas nécessaire d’avoir lu les deux premiers tomes mais il serait dommage de passer à côté de cette relation sur l’histoire de l’Indochine, ce d’autant qu’ils sont toujours disponibles chez La Boîte à Bulles.
À l’instar de sa série Mémoires de Viet Kieu dont il est l’auteur complet, Clément Baloup s’est imposé comme étant le chroniqueur incontournable de l’histoire du Vietnam du XXe siècle.
Dans un style graphique différent de celui de Baloup pour ses Mémoires, Mathieu Jiro se situe plutôt dans la lignée d’un Christian de Metter. Il prête vie d’un pinceau alerte à toute une galerie de personnages en de somptueuses compositions avec une parfaite maîtrise de la couleur ainsi qu’en témoignent ses magnifiques illustrations de couverture.