Aux sources du feuilleton
Pierre Allary dessine depuis 2013 les missions de Silas Corey, scénarisées par Fabien Nury. Dans une Europe qui se dirige sans trop le savoir vers la fin du premier conflit mondial, Silas Corey,...
12 juin 2015
-Interview


Éditeur : Rue de Sèvres
Scénario : Pierre Alary, Sorj ChalandonDessin : Pierre Alary
Genres : Historique, Récit de vie
Public : À partir de 16 ans
Prix : 20.00€
Scénario
Dessin

Tyrone Meehan figure mythique de l’IRA et traître à la cause nationaliste irlandaise pendant une vingtaine d’années a été dénoncé par les Anglais. « Maintenant que tout est découvert, ils vont parler à ma place. L’IRA, les Britanniques, ma famille, mes proches, des journalistes que je n’ai même jamais rencontrés. Certains oseront vous expliquer pourquoi et comment j’en suis venu à trahir. Des livres seront peut-être écrits sur moi, et j’enrage. N’écoutez rien de ce qu’ils prétendront. Ne vous fiez pas à mes ennemis, encore moins à mes amis. Détournez-vous de ceux qui diront m’avoir connu. Personne n’a jamais été dans mon ventre, personne. Si je parle aujourd’hui, c’est parce que je suis le seul à pouvoir dire la vérité. Parce qu’après moi, j’espère le silence. »
Tyrone Meehan raconte sa vie gâchée, la violence familiale, sa confusion jusqu’à sa trahison. Retour à Killybegs respire la passion et...
À l’issue de Mon traître, l’image laissée par le personnage central de cette histoire, Tyrone Meehan, n’était guère flatteuse. Il avait trahi son camp en se mettant au service de l’occupant anglais. Ce second tome vient éclairer le parcours de celui que ses pairs ont longtemps pris pour un héros et qui, manipulé et soumis à un chantage permanent, n’a guère eu d’autre choix que de servir le camp ennemi. Pierre Alary conclut brillamment l’adaptation des deux romans de Sorj Chalandon.
À l’issue de ces décennies de guerre civile opposant les catholiques aux protestants de l’Irlande du Nord, Tyrone, trahi à son tour par ceux avec lesquels il a collaboré, se sait condamné par les siens. Il décide de consigner par écrit comment il en est arrivé à jouer son rôle de Judas. Il raconte comment son père qui, dès 1921, s’était engagé parmi les volunteers de l’IRA dans la lutte contre la partition de l’Irlande, a disparu sur une plage, usé par les années de lutte, les désillusions et l’alcool.

Dans le dénuement, la veuve et ses neuf enfants sont contraints d’aller vivre chez un oncle en zone « occupée ». Tyrone va très vite prendre conscience de l’antagonisme des deux communautés et prendre fait et cause pour l’IRA. Son histoire s’inscrit au fil des événements tragiques qui ont eu lieu, dont le traitement réservé aux leaders emprisonnés dans les geôles de la dame de fer.
À mesure que défile le récit de Tyrone, l’émotion finit par surgir tout comme l’empathie du lecteur pour ce personnage brisé et acculé à son rôle détestable. Sorj Chalandon qui n’a pas voulu intervenir dans l’adaptation de ses livres peut se féliciter du travail accompli par Pierre Alary dont le trait s’est encore bonifié pour cette suite. Un diptyque à ne manquer sous aucun prétexte.
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