Un ninja quasiment inatteignable est contraint à la recherche d’un élixir d’immortalité : Yuji Kaku maîtrise, contrairement à son personnage principal dans Hell’s Paradise chez Kazé.
Il est bien loin le temps des rires et des chants. Place aux lamentations, aux personnages tourmentés et surtout aux héros sensiblement sans foi ni loi. Si Gabimaru excelle bel et bien dans l’art de mettre fin à une vie sans un semblant d’état d’âme, son entraînement un peu trop perfectionné l’empêche de mourir, quand bien même il le voudrait.

Hell's Paradise © JIGOKURAKU
© 2018 by Yuji Kaku/SHUEISHA Inc.
Piégé par son équipe, capturé par le gouvernement, le cœur rabougri du ninja se réveille au contact de son futur bourreau, Sagiri. Seul être humain capable potentiellement de lui couper la tête, elle lui propose un marché : réussir à mourir de sa main ou conquérir sa liberté en trouvant un élixir d’immortalité réputé inaccessible. Optant pour la seconde option, le duo se retrouve sur une île aussi belle que dangereuse où la compétition fait rage parmi des criminels triés sur le volet, moins à la recherche de rédemption que du droit d’assassiner impunément leur prochain.
Gloomy shinobi
La série de Yuji Kaku démarre à deux cent à l’heure. Un héros qui ne peut puis ne veut plus mourir, un bourreau performant mais terrifié, des collaborateurs assoiffés de sang et une liste de décès joyeusement brutale, les éléments d’un récit sombre et dynamique sont rapidement répartis à travers ce premier tome. Un lecteur à la recherche d’un récit acéré porté par des personnages surpuissants y trouvera rapidement son compte.
L’histoire est cependant fondamentalement positiviste, puisant dans tout ce qu’il peut rester de bon dans de telles entités. Si on se demande si un personnage increvable ne s’avérera pas lassant, la richesse du casting de ce volume lui promet au moins des adversaires intrigants dans un style qui, sans être révolutionnaire, tient ses engagements.
Article publié dans le magazine Zoo n°70 Mars - Avril 2019