Créatures célestes est le premier tome de la trilogie Yin et le Dragon. Sous l’occupation japonaise, une petite Chinoise va se lier d’amitié avec un beau dragon doré. Une fable intelligente, sensible et majestueusement illustrée.
1937, le Japon envahit une partie de la Chine. La petite Yin vit avec son grand-père et l’aide à vendre son poisson sur les marchés de Shangaï. Les temps sont durs et les gamins des rues violents. Victime d’une embuscade tendue par des petits voleurs, Yin perd sa marchandise. Coupable, elle se cache à bord du bateau du vieillard parti pêcher la nuit. Au lieu de poissons, c’est un gigantesque et majestueux dragon d’or qui se prend dans leurs filets. Le début d’une grande aventure qui changera la face du monde.

Le scénario sensible et intelligent fait de cette histoire fantastique assez commune, soit une lutte entre dragons et une prophétie qui bouleversent l’ordre mondial, un bijou. Ainsi, l’aspect historique, bien documenté sans être pesant, confère de la solidité aux éléments fantastiques. En outre, les personnages soignés voient leurs relations évoluer avec douceur et crédibilité. Même l’envahisseur offre un visage intéressant et plus attendrissant qu’il n’y paraît grâce aux interrogations idéalistes portées par le personnage de l’officier Utamaro.
Le dessin léché permet de s’attacher aux personnages. La ligne est fine, douce et les détails nombreux. Yin a la grâce et la poésie d’une petite Chihiro. Le dragon d’or, Utamaro ou le grand-père s’avèrent majestueux et très réussi. Les couleurs à l’aspect aquarelle offrent de la légèreté et beaucoup de sensibilité dans un contexte de guerre. La traînée d’or laissée par le dragon au fil des pages offre un spectacle particulièrement plaisant.
La fable fantastique de Yin, aux aspects presque philosophiques, convainc dès le premier tome. Le rêve prend dans un récit fondé sur une structure historique solide.