Avec le Port des marins perdus, Glénat propose un récit de genre digne des plus grandes épopées maritimes. Un roman graphique d’aventure à couper le souffle, naviguant à bord des grands voiliers du XIXe siècle.
Un jeune naufragé est retrouvé inconscient à l’automne 1807 sur une plage du Siam. Il a perdu la mémoire et ne se souvient que de son prénom : Abel. Il est recueilli à bord d’un navire anglais, l’Explorer. Le vaisseau a perdu son capitaine qui s’est enfui après volé un trésor... Le jeune Abel fait rapidement montre de talents qui sortent du commun. Ses connaissances maritimes permettent à L’Explorer d’éviter le piège tendu par un navire français. Il joue également du violon comme un virtuose. De retour en Angleterre, il est confié aux filles du capitaine disparu qui tiennent une auberge.

Le scénario de Teresa Radice fait la part belle à l’aventure et développe avec bonheur les différents personnages. Basée sur une solide documentation, il reconstitue avec réalisme la vie à bord des grands voiliers. L’histoire est également soutenue par de très nombreuses références littéraires et poétiques. L’intrigue assez classique de l’amnésique qui retrouve petit à petit la mémoire est magnifiée par les rebondissements bien amenés et les personnages, tous solidement construits. Seul le rythme très lent peut parfois décontenancer le lecteur même si le charme opère du début à la fin de l’album.
Le dessin de Stefano Turconi, souvent proche du croquis, a une incroyable vivacité. Si son style peut être qualifié de semi-réaliste, ses personnages font preuve d’une remarquable expressivité. Ses décors et navires magnifiquement exécutés servent parfaitement l’histoire.
Cette histoire en un tome, parfaitement réussie, sort des codes habituels de la bande dessinée historique en tirant vers le fantastique. La poésie et la force qui émanent de l’aventure emportent le lecteur dans l’univers des auteurs faisant oublier les quelques petites longueurs.