
Les Coups de coeur album du 4 juin
Trois héros au coeur de la tempête : l'une de l'adolescence, l'autre de la vie en général... Le fantastique comme miroir des états d'âme Lisa, jeune fill
4 juin 2015
-Actualité
Série : Les Carnets de Joann SfarTome : 10/11Éditeur : Delcourt
Scénario : Joann SfarDessin : Joann Sfar
Collection : Shampooing
Genres : Récit de vie
Prix : 16.95€
Scénario
Dessin
« Je traverse une crise où tout me ramène à la foi. Mon père est mort. Je me suis séparé. Mes amis de Charlie se sont fait abattre. Je me sens autant paumé que mon pays et je cherche à retrouver, à défaut de Dieu, ma bonne étoile. C'est pourquoi je reprends mes carnets, pour trouver de petites réponses à des problèmes dont j'ai l'impression qu'on se les pose tous. Et qui peuvent se résumer, dans tous les domaines, intimes comme politiques à : comment faire pour y croire encore ? » Joann Sfar
7 janvier. La France entière est sous le choc de l’attentat meurtrier chez Charlie Hebdo. Sfar, qui avait déjà suivi et croqué dans un de ses fameux carnets le procès du journal satirique pour les caricatures de Mahomet, reprend le crayon. Noircit avec brio plus de deux cents pages. Avec ses idées, ses positions, ses humeurs.
Qu’est-ce qui a conduit au 7 janvier ? Si Dieu existe, il ne tue pas les dessinateurs. Sfar part de ce postulat et noircit un dixième carnet. Les religions, les extrémismes, sa confession juive, le rapport à son ex-femme, Sandrina, avec qui il s’est séparé il y a un an, sa reconstruction, ses enfants, sa redécouverte de la vie de célibataire, le sexe…
Sfar a tout jeté sur le papier après le traumatisme des attentats à Charlie Hebdo et l’Hyper Casher. Dans ce livre thérapeutique, l’auteur avait besoin de laisser aller ses états d’âme et ses idées. Brillamment azimutés, dans un foutoir que lui seul sait rendre digeste. Égocentrique ? Mégalomane ? Certes, mais pour mieux faire réfléchir.
Son dessin inabouti, tremblotant et cathartique alterne avec des pages pleines d’écriture, sorte de journal intime rendu public. Propos brillant, construction anarchique, lecture plaisante bien que dense. Sfar ne sait pas où commence son trait, où finit sa mine. On le suit au quotidien dans son dessin aussi sinueux que désordonné. C’est bon de sortir du cadre avec lui.
Un pot à crayon bien fourni, un carnet vierge de plus de deux cents pages, des jours et des nuits d’écriture avec une seule motivation : faire sortir tout ça, prendre du recul et continuer de dessiner, de façon compulsive. Il se vide la tête et le lecteur remplit la sienne, repositionne ses questionnements. Avec beaucoup de doutes, à l’image de son trait tordu, mal assuré, mais tellement vivant, et une seule certitude : si Dieu existe, il ne tue pas.