Le premier tome s’achevait en janvier 1945, au moment où les prisonniers du Stalag II B sont évacués par leurs gardes-chiourme vers l’Ouest de l’Allemagne. Le régime nazi s’effondre peu à peu, emportant sur la route les prisonniers de guerre, antihéros d’un album fascinant.
Après avoir été incarcérés pendant plus de quatre années dans des conditions épouvantables, René Tardi et ses compagnons de détention vont devoir subir de nouvelles épreuves en faisant pendant plusieurs mois des marches forcées à travers la campagne, dans des conditions hallucinantes. Les rigueurs d’un hiver particulièrement rude conjuguées à la famine et à la nervosité grandissante de ceux qui les encadrent et qui sentent venir la défaite de manière imminente, c’est l’horreur vécue au jour le jour.

Référence définitivement incontournable pour ses albums relatifs à la guerre de 14-18, rien ne laissait présager que Jacques Tardi, après plusieurs adaptations de romans policiers, s’intéresserait également un jour à celle de 39-45. Il aborde le second conflit mondial avec les souvenirs que son père, prisonnier de guerre dès le début des hostilités, a consigné à sa demande à la fin de sa vie sur plusieurs cahiers d’écolier. Une façon aussi de rendre un hommage posthume à ce père avec lequel les relations ont été longtemps teintées d’une incompréhension réciproque.
Si le premier tome, de par son cadre, pouvait paraître très statique, cet exode permet à Tardi, de nous faire découvrir tout au long de cette longue marche une foultitude de lieux : forestiers, campagnards, citadins, paysages de détresse et de désolation. Pour avoir emprunté le même parcours que celui que son père avait accompli soixante huit ans auparavant, il s’appuie sur une documentation particulièrement bien fournie pour donner à ses images toute la puissance nécessaire pour, une nouvelle fois, dénoncer l’absurdité et les horreurs de la guerre.
Est-il besoin d’ajouter qu’il signe là un nouveau chef-d’œuvre de la bande dessinée ? Ne manquez surtout pas cet album.
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