Nous sommes en 1950 et l’armée chinoise s’apprête à envahir le Tibet. 80 000 soldats lourdement armés face à deux mille Tibétains dépenaillés et persuadés que leurs dieux ancestraux les préserveront des tirs des envahisseurs. On connaît bien sûr la suite… Vingt et un ans après la fin du premier cycle du Lama Blanc, Alejandro Jodorowsky et Georges Bess ont fini par relancer leur personnage emblématique dans une nouvelle saga mystique.
Entre temps, Georges Bess s’était lancé en solo dans une série d’albums à connotation plutôt autobiographique (Escondida, Leela et Krishna, Chroniques aléatoires, Incredible India), ainsi qu’une série qui se déroulait également dans les contrées himalayennes, Péma Ling, qu’il interrompit de lui-même à l’issue du 5ème tome.
Dans ce nouveau cycle certains personnages qui gravitaient autour de Gabriel Marpa, devenu le Lama blanc, partent à sa recherche, convaincus qu’il est le seul capable par ses pouvoirs de chasser les Chinois du Tibet. Jodorowsky, qui a vécu la dictature chilienne est donc parfaitement bien placé pour parler des exactions que peut commettre un régime totalitaire. Là, il ne nous épargne en rien des violences commises par les Chinois sur le peuple tibétain.
On connaît aussi ses penchants mystiques et, une fois de plus, il nous entraîne dans le domaine du surnaturel avec délectation. Dans des circonstances proches de celles de Tintin au Tibet, il ose même faire intervenir un groupe de yétis dans sa fiction ! Hommage, clin d’œil ou moquerie ?
Georges Bess, qui nous avait habitués ces dernières années à un dessin réaliste d’une grande précision, relâche ici son trait en adoptant, selon les personnages, un style plutôt semi-réaliste proche de la caricature. En cela, il épouse parfaitement les délires jodorowskiens et son goût pour la surenchère. Sans doute, certains regretteront qu’il n’ait pas daigné achever sa propre création, Péma Ling, dont le scénario abordait le même univers sous un angle plus sage et plus mesuré.
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