Tout commence dans la boue des tranchées. Par une rencontre comme seule la vie peut les inventer. Calixte, raide officier au sang bleu se retrouve piégé aux côtés de Léon, petit caïd corse sans avenir. D’une promesse, ils vont s’inventer un destin extraordinaire auquel on a furieusement envie de croire.
Au plus fort de la mitraille, Léon raconte un rêve à Calixte. Celui de devenir roi du Rif, comme Arudj, un célèbre pirate, « roi des mers et seigneur d’Alger ». Au sortir de la guerre, cette chimère va emporter ces deux hommes plus loin qu’ils n’ont jamais été. Voici un truand notoire et un noble avide d’aventure engagés dans un voyage à la conquête de la liberté.
Le périple de ces deux hommes est porté par un grand souffle épique. Leur rage de se couper tout retour en arrière est soulignée par la narration au ton parfait. Les répliques touchent à chaque fois, que ce soit dans l’envolée lyrique des premiers départs ou dans les moments où l’aventure semble s’arrêter définitivement. Campés parfaitement, Léon et Calixte forment un duo parfait pour répondre à l’appel du large. Leurs motivations tout comme leurs faiblesses les rendent profondément humains, assez réels pour rendre possible l’aventure grandiose qui les attend.
Quand une petite racaille et un aristo traversent ensemble l’horreur des tranchées puis les bas-fonds de la pègre française, il faut un trait assez fort pour rendre la terreur des tirs d’obus et assez subtil pour faire émerger les émotions des deux ex-soldats partis à l’aventure. Avec leurs regards, ils racontent très vite le lien indéfectible qui les unit et avec leurs gestes, ils amènent une grande dose de romanesque à leur départ.
A un appel du large pareil, on ne peut que répondre. L’Or et le Sang attirent irrésistiblement…