Il a passé vingt ans derrière les barreaux pour avoir trucidé par erreur un couple qu’il a confondu avec sa femme et son amant. Dans Le Linge Sale, Martino revient au bercail pour régler ses comptes. Rabaté offre un polar campagnard en signant un scénario brillant. Au dessin, Sébastien Gnaedig fait dans une ligne claire un brin sommaire mais le tout tient bien la route.
Pierre Martino a les crocs. Après avoir loupé sa femme qui le trompait, il revient à Cholet pour rattraper son erreur et, au passage, exterminer la famille entière. Pas question cette fois de jouer petit bras. Lucette, son ex-épouse, a épousé Gérard Verron qui lui a fait des mouflets. Une vraie famille Groseille les Verron, avec papy et mamy chefs de meute, le beau-frère et le fils ainé qui carburent au gros rouge et au petit jaune. Ils trafiquent, maquillent des voitures, stockent les micro-ondes tombés du camion. Pas des gros méchants mais des grandes gueules qui ont la main leste et la moralité niveau moins vingt.
Martino a préparé son coup. Il eu le temps. Il est prêt le Machiavel du bocage et il tisse sa toile autour des Verron. Il va y avoir du rififi chez les ploucs, des freins qui lâchent, des accidents malencontreux, des hasards qui étonnent le Gérard. Sauf que dans toute mécanique il peut y avoir un grain de sable qui se glisse et fout tout en l’air.
Pascal Rabaté s’est bien amusé à raconter cette vengeance en France profonde. On sent que Audiard et Vautrin l’ont inspiré sur le choix des formules, le rythme des mots et ses personnages. Rabaté a des formules qui feront date, « il faut se séparer ensemble » ou « on appelle ça des indigents, des velléitaires, moi j’appelle ça des nuisibles ». Il revendique le suspense, la pirouette inattendue, le coup de théâtre de derrière les fagots. Rabaté a réussi.
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