Loin des stéréotypes, près des souvenirs
Revenons à tes personnages : le duo Paul et son chien Paulette pour commencer…
Souvent dans la fiction, un des deux personnages du duo, l’élément perturbateur, fait démarrer l’aventure. Là c’est Paulette, l’Obélix de Paul ! Ce gros chien, qui ne ressemble pas à un animal, est inspiré du chien de mes parents. Il est énorme, sent très mauvais et est magnifique ! Je voulais absolument le mettre dans une de mes histoires.

Quant à Paul, c’est un drôle de héros, avec son short à poches qui ressemble à une jupe et ses lunettes…
Je voulais que sa dégaine lui donne l’air du « boloss » à qui on jette des cailloux à la récré. Mais grâce à son imagination et ses lubies, il arrive à se faire accepter par la bande ! Il fallait qu’on le reconnaisse de très loin, d’où ce short pyramidal. Paul a des lunettes mais ses gadgets sont ceux d’un aventurier ! C’est un aventurier sérieux, très appliqué mais un aventurier avant tout. J’aime bien qu’il n’y ait pas de stéréotypes dans la fiction, que les personnages aient du caractère ou soient même bizarres.
Le duo Boulon, la cheffe du groupe et Scotch, l’amoureux transi, est aussi plein de caractère !
Le personnage du capitaine du bateau, Boulon, c’est exactement ma petite nièce, qu’on surnomme comme ça. Scotch, lui, est né parce que j’ai beaucoup pensé à un amoureux transi que j’avais petite [Rires]. Je pensais qu’à jouer à la bagarre et il y avait un garçon qui voulait me faire des bisous tout le temps : ça m’ennuyais profondément. Et maintenant je lui rends hommage !

Tu rends aussi beaucoup hommage à l’émerveillement de l’enfance…
Avant ce livre, j’avais travaillé sur Ida, l’histoire d’une voyageuse qui part en Afrique au XIXe siècle. J’avais lu plein de récits de voyageurs de ce siècle, qui sont un peu naïfs et totalement émerveillés. Cet émerveillement un peu benêt du voyage m’a toujours touchée. Les enfants ont dû faire 100 mètres sur leur bateau mais c’est déjà des contrées inexplorées pour eux. C’est merveilleux de voir le monde avec ces yeux-là !
Ils pensent aussi voir des créatures magiques dans la rivière !
Toute mon enfance mon papa répondait à mes questions en inventant des histoires farfelues ! Comme j’étais un peu bébête, j’ai cru pendant assez longtemps à des choses bizarroïdes qu’il m’avait racontées !

Ces histoires de sirènes et de fées au ton très humoristique et décalé viennent de là ! L’histoire des sirènes par exemple permet d’apprivoiser le monde : s’il y a de l’eau et des sirènes dedans, ils peuvent les approcher mais pas leur marcher dessus. Ils restent donc sur le qui-vive. Pour l’anecdote, mon père m’avait raconté qu’un endroit du jardin, très dangereux, était habité par des fées et si je croisais leur regard je mourrais ! C’était une bonne idée pour éviter que j’y aille sauf ça n’a pas marché : j’y allais les yeux fermés ! Donc c’était encore plus dangereux ! [Rires]
Et toi, quel message voulais-tu donner aux enfants avec cette histoire ?
J’adorerais que ce livre leur donne envie d’utiliser leur imagination au maximum pour créer des choses. D’où la maquette de la cabane à construire en fin d’album ! En fait, mon fantasme ultime serait que les enfants réalisent leur propre bateau/cabane en papier. Je veux donner envie aux garçons comme aux petites filles, de faire des choses avec leurs mains et de bricoler !

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