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Céline comme défi

Une trilogie en un seul album !

Comment avez-vous travaillé ensemble pour mettre en cases la trilogie allemande ?

Christophe Malavoy : Nous avons d’abord défini l’esprit de la BD que nous souhaitions, le style de dessin. Nous avons évoqués les univers de Félicien Rops, Léon Spilliaert, Alfred Kubin… mais aussi de Francisco Goya, Gustave Doré, Gustave Courbet… un dessin très élaboré en même temps que certaines cases plus dépouillées, suggérées. C’est la sensation et le fameux « rendu émotif », cher à Céline, qui nous a guidés.

Paul et Gaëtan Brizzi : Nos références sont cinématographiques et nos inspirateurs les grands peintres de la fin du XIXeme. A cause du noir et blanc, nous avons pensé à la lumière du cinéma de Fritz Lang (Métropolis, Docteur Mabuse) mais aussi au réalisme poétique de Carné (Quai des brumes, Le Jour se lève) ou Cocteau (La belle et la bête).

Nous adorons la période symboliste en matière de peinture. Spillaert, Arnold Bôcklin et Gustave Doré. En ce qui concerne ces trois derniers exemples, on peut dire que ces peintres sont pour nous des références emblématiques quoiqu’on fasse !

Quelle documentation vous a le plus aidé à mettre en case cette histoire ?

Paul et Gaëtan Brizzi : Nous avons eu recours à l’internet pour avoir la documentation nécessaire à la représentation des uniformes, véhicules et autres objets. Nous avons porté un soin particulier à la ressemblance de nos personnages car ils ont tous existé dans cette histoire.


Avez-vous modifié des scènes pour qu’elles collent plus à la BD ?

Christophe Malavoy : Il y a des scènes qui se prêtent davantage à la BD. Nous les avons assez logiquement développées. Il y a aussi des scènes qui ne sont pas dans la trilogie de Céline, comme la toute première scène qui ouvre l’album, par exemple, avec ce soldat prussien géant qui dévore les habitants de Montmartre… La BD autorise cette liberté.

Une scène vous a posé particulièrement problème à mettre en image ?

Paul et Gaëtan Brizzi : Peut être la page qui se compose d’une unique image. Céline parle de deux choses à la fois ! Il raconte un fait mais il apostrophe aussi le lecteur. Il s’agissait de mettre en scène ses diatribes vociférantes lorsqu’il s’en prend notamment à Sartre, Mauriac ou Proust mais aussi à son perroquet !


Comme souvent chez Céline (comme chez Victor Hugo) lorsqu’il se laisse emporter par ses convictions, ses propos dérivent vite dans le style dantesque ou rabelaisien. C’est d’ailleurs ce qui a fait son style et c'est en cela que c'est excitant pour nous. Comment servir le texte et l'histoire au mieux en étant en symbiose avec ce style par le dessin !

Vous avez fait un immense travail d’adaptation que ce soit au niveau narratif ou des dialogues : quels ont été les choix les plus difficiles ?

Christophe Malavoy : Le principe a toujours été de privilégier le dessin et d’être le plus économe possible dans les dialogues. Ce fut sans doute le plus difficile, car l’écrit chez Céline est d’une grande richesse. Il a donc été très délicat de la transposer. Les frères Brizzi ont saisi l’enjeu et l’on retrouve dans leur dessin ce flux, ce courant irrésistible qui vous entraine. Là encore, c’est la truculence qui nous a guidés.

Vous dédiez d’ailleurs ce livre à Lucette Destouches : si vous pouviez n’en citer qu’un, quel a été son apport le plus important à cette œuvre ?

Christophe Malavoy : C’est un soutien moral très important qu’elle m’a apporté. Sa confiance, sa curiosité, sa bienveillance ont été des atouts pour mener à bien ce projet. Je lui en suis très reconnaissant.


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