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La Comédie du monde de l'entreprise

« Je ne suis pas calmée »

 

Quels documents avez-vous fournis à Aurélia pour recréer votre monde de l’entreprise ?

Corinne Maier : Aucun, elle s’est renseignée par elle-même. Et elle le restitue parfaitement. On s’y croirait ! Heureusement pour moi, ce n’est que le temps d’une BD...


Pourquoi avoir pastiché les noms ?

Corinne Maier : Pour introduire plus de distance, et esquisser une mini-comédie humaine, avec des personnages très divers qui sont des paradigmes, plus que des individus avec une carte d’identité et une date de naissance.

Aurélia, vous épurez vos personnages et leurs laissez quelques détails représentatifs : comment les choisissez-vous ?

Aurélia Aurita : J’ai un dessin qui n’est pas réaliste et qui privilégie les expressions du visage et les points de détail. Comme l’histoire était tirée de la vie de Corinne, je voulais donner un aspect « vécu » à mes dessins. J’ai donc pris modèle sur des personnes de ma connaissance, qui auraient pu jouer ces personnages si la BD avait été un film. À partir de là, le choix des expressions et des détails représentatifs était très facile, il me suffisait de puiser dans ma mémoire.

De quoi est né le traitement particulier des couleurs de ce livre à dominante noir et blanc ?

Aurélia Aurita : À l’origine, Corinne et l’éditeur n’avaient pas de préférence pour que le livre soit en couleur ou en noir et blanc. Mais j’avais remarqué que le scénario de Corinne mettait l’accent sur des touches de couleur (la couleur du scooter, un personnage qui tire la langue…). Alors je me suis dit qu’on pourrait utiliser cette idée des touches de couleur, mais en lui donnant un sens supplémentaire.

C’est ainsi que le rouge est venu. Cette couleur symbolisant la révolte, la liberté mais aussi l’érotisme (le soutien-gorge d’un des personnages en témoigne). Au départ, le livre est en noir et blanc, pour signifier le conformisme de la vie de l’héroïne avant qu’elle ne jette son pavé dans la mare. Puis la couleur arrive par petites touches de rouge, jusqu’à exploser dans les dernières pages.

 

Avez-vous eu l’impression d’avoir eu un humour moins cynique, plus doux avec le médium de la BD ou le recul ?

Corinne Maier : Ce sont certains de mes personnages qui sont cyniques, pas mon humour. Quoique... La fonction de l’humour est de démasquer : il fait apparaitre les semblants de notre société « fake », où le bien, le juste et l’équitable sont sans cesse brandis – souvent par des crapules... Bref, je poursuis le même chemin qu’avec certains de mes pamphlets, mais avec d’autres moyens. Plus doux ? Je ne crois vraiment pas. En clair, je ne me suis pas calmée, ne croyez pas ça...



Un petit mot sur la couverture, pastiche très drôle ?

Aurélia Aurita : C’est un clin d’œil aux couvertures littéraires, avec le traditionnel bandeau rouge, qui m’a toujours fait penser aux bandeaux des kamikazes. C’est un peu ce que m’inspire la rentrée littéraire en France, avec tous ces livres qui se bousculent sur les tables des libraires entre fin août et début novembre.

Corinne Maier : J’aime les pastiches, les détournements, et de façon générale tout ce qui figure dans la catégorie « vrai-faux ». Le côté « clin d’œil » donne le ton de l’ouvrage.

 

D’autres projets déjà en cours ?

Corinne Maier : En octobre prochain je sors un Einstein, en collaboration avec Anne Simon, chez Dargaud ; j’ai déjà eu la chance de travailler avec cette talentueuse dessinatrice sur un Freud et un Marx, deux biographies dessinées. L’automne, ce sera donc Einstein et moi : un sacré couple de stars [Rires]. Je plaisante, bien sûr.

Aurélia Aurita : Oui, plein ! Mais je n’en parle jamais avant qu’ils soient à un stade très avancé.

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